« Après les médecins cupides, nantis, responsables des déserts médicaux, dynamiteurs de l’accès au soin, fuyant les gardes, prescrivant trop, […] voici donc l’ultime insulte, l’ultime mépris : le médecin raciste. »
Le coup de sang vient du Dr Jérôme Marty. Dans un billet publié en ligne, le président de l’UFML (Union française pour une médecine libre), s’indigne d’une disposition figurant dans la feuille de route du gouvernement pour lutter contre les discriminations et améliorer la politique d’intégration.
Ce rapport, qui ne serait qu’un document de travail, a été dévoilé hier soir, mercredi, par la chaîne iTélé. Interrogé ce jeudi par « le Quotidien », le ministère de la Santé n’était pas en mesure de commenter cette information (*). Parmi les 44 propositions figurant dans ce texte, il serait envisagé d’organiser des opérations de testing auprès des médecins, dentistes et opticiens. Objectif : mettre au jour d’éventuels refus de soins pour des raisons de discrimination.
Bachelot et le testing
Pour le Dr Marty, l’accusation est à peine voilée : « Les médecins, les professionnels du soin sont des racistes ! ». Le président de l’UFML ne décolère pas. « Jamais de toute l’histoire de la Ve république un gouvernement n’avait à ce point insulté ceux qui soignent » s’insurge-t-il en appelant les soignants à « se lever contre cette accusation, […] contre ce mépris du sens même de leur engagement ».
Le médecin demande le retrait de « cette ignominie et des excuses publiques du ministre de la Santé ».
Ce ne serait pourtant pas la première fois que des opérations de testing téléphonique seraient menées auprès des professionnels de santé. Récemment, une centaine d’orthophonistes se sont plaints d’avoir fait l’objet d’une telle campagne.
En 2006 déjà, le fonds CMU dans le Val-de-Marne avait procédé ainsi pour déceler d’éventuelles discriminations à l’égard des patients bénéficiaires de la couverture maladie universelle. Résultats : 14 % des libéraux et 39 % des dentistes avaient refusé de recevoir ces derniers.
Les professionnels de santé voient généralement d’un mauvais œil ces campagnes de testing. En 2009, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, envisageait d’inclure la procédure de testing pour les refus de soins dans la loi « Hôpital, patients, santé et territoires ». Avant d’y renoncer... faute de soutien des sénateurs.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pourrait y revenir. Selon iTélé, il dévoilera ses intentions le 11 février.
Mise à jour (vendredi 7 février) : le ministère de la Santé a tenu à préciser, après la publication de cet article, qu'il n'était pas informé de l'existence de cette feuille de route pour lutter contre la discrimination et que la piste de testing auprès de professionnels de santé n'était pas à l'étude au ministère.
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