UNE PREMIÈRE estimation du centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (CORRUSS) du ministère chargé de la Santé, avait évalué à 5,3 millions le nombre de personnes qui avaient reçu au moins une dose de vaccin au cours de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1)v lancée en France en octobre 2009. Des vaccinés peu nombreux au regard du nombre de doses commandées, suffisant pour in fine proposer la vaccination à l’ensemble de la population, mais aussi au regard des recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Ces dernières avaient notamment défini un ordre de priorité des cibles de la vaccination en fonction du calendrier de mise à disposition du vaccin : au premier niveau, les personnels de santé, les femmes enceintes, l’entourage des nourrissons de moins de six ans ainsi que les nourrissons de 6 à 23 mois avec facteurs de risque de complications grippales ; au deuxième niveau, les sujets de 2 à 64 ans avec facteurs de risque de complications ; enfin, les autres nourrissons de 6 à 23 mois, les 65 ans et plus avec facteurs de risque et le reste de la population.
Une couverture de 7,9 %.
Le bilan publié par l’Institut de veille sanitaire (InVS) confirme l’insuffisance des couvertures vaccinales obtenues à l’issue de cette campagne. Parmi les 64 942 414 personnes invitées par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAMTS), seulement 5 159 295 ont bénéficié de la vaccination gratuite qui leur était proposée, soit une couverture vaccinale de 7,9 % en population générale. Les données permettent aussi de se faire une idée du déroulement de la campagne qui n’a commencé à décoller qu’environ 4 semaines après le démarrage, avec une augmentation d’environ 1 % de la couverture, qui s’est ensuite élevée de 1 % par semaine pendant quatre semaines pour ensuite ralentir à partir de la semaine 51/2009, soit deux semaines après le pic épidémique, et stagner enfin à partir de la semaine 05/2010.
Les couvertures vaccinales ont été plus élevées chez les enfants de 6-23 mois (20,7 %) et chez les femmes enceintes (22,7 %). Chez les jeunes adultes de 18-24 ans, la couverture n’était que de 3,1 % alors qu’elle a atteint les 5-8 % chez les adultes plus âgés et 7,6 % chez les 65 ans et plus. D’une manière générale, les femmes adultes jeunes (25-44 ans) étaient mieux vaccinées que les hommes du même âge (8,2 % contre 5,9 %) alors que les hommes de 45 ans et plus étaient mieux vaccinés que les femmes de la même catégorie d’âge (8,2 % contre 6 %). Des disparités régionales ont été observées, avec une couverture allant de 6,1 % (Languedoc-Roussillon) à 12 % (Bretagne).
Des couvertures vaccinales « très faibles », notent Jean-Paul Guthmann, Angie Bone, Javier Nicolau et Daniel Lévy-Bruhl, les auteurs de ce bilan, « aussi bien en population générale que dans différents sous-groupes prioritaires ». Même chez les femmes enceintes, particulièrement à risque de formes graves, la couverture, bien que 3 fois plus élevée que dans la population générale, est restée très faible. Chez les personnes atteintes d’une affection longue durée autre que celles donnant droit chaque année à l’envoi d’un bon de prise en charge de la vaccination grippale (« ALD hors grippe »), la couverture était de 7 %. Les analyses n’ont pas permis d’estimer les couvertures vaccinales dans certains groupes prioritaires comme les professionnels de santé, les professionnels de la petite enfance et les personnes affectées d’une pathologie bénéficiant chaque année d’une vaccination grippale (ALD grippe + personnes souffrant d’asthme ou de BPCO).
Des messages peu entendus.
Sans parler d’échec, les auteurs soulignent que ces données « confirment que la population française a été peu sensible aux messages délivrés par les autorités sanitaires ». Cela reflète, selon eux, l’impact négatif des controverses « aussi bien autour du vaccin (notamment les rumeurs selon lesquelles les vaccins auraient été produits trop rapidement et leur innocuité pas complètement démontrée, en particulier pour les vaccins adjuvantés), qu’autour de l’organisation de la campagne vaccinale, basée sur des centres de vaccination mis en place spécifiquement pour cette occasion ». Ces raisons, auxquels s’ajoute la perception de la grippe A(H1N1), considérée par l’opinion comme une affection peu grave, « ont vraisemblablement conduit la population française à douter de la nécessité de se faire vacciner », poursuivent Guthmann et col. Ces constats « doivent, concluent-ils, faire réfléchir au contenu des messages et à la manière dont ils devront être délivrés lors de la prochaine saison grippale et lors d’une éventuelle situation pandémique ». Ils suggèrent, en particulier, que la communication soit spécifiquement orientée vers les sujets les plus à risque de complications.
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