La buprénorphine (Subutex) serait aussi bien tolérée et plus efficace que la morphine dans le syndrome de sevrage néonatal aux opiacés, révèle une étude américaine publiée dans « The New England Journal of Medicine ».
Cette étude de phase III, baptisée BBORN (pour Blinded Buprenorphine for the Treatment of the Neonatal Abstinence Syndrome) sera présentée par l'auteur principal, le Dr Walter Kraft, le 7 mai lors du congrès des Académies américaines de pédiatrie à San Francisco.
Recours à un traitement pharmacologique
Des mesures de nursing très attentif, comprenant un environnement calme, l'allaitement maternel, l'évitement des hyperstimulations, permettent de diminuer l'intensité des symptômes de sevrage (troubles neurovégétatifs, tremblements, irritabilité, mauvaise prise alimentaire, diarrhée). Néanmoins, plus de la moitié (50 à 70 % selon les estimations) des nouveau-nés exposés in utero aux opiacés ont besoin d'un traitement médicamenteux de substitution.
Si l'intérêt d'un traitement pharmacologique ne fait pas débat, il y a peu de données pour guider le choix de la molécule. La morphine reste le traitement le plus utilisé, par exemple aux États-Unis elle est administrée chez plus de 80 % des nourrissons nécessitant un traitement de substitution. Néanmoins, la buprénorphine sublinguale, à faible risque de dépression respiratoire et à demi-vie longue, pourrait se révéler utile chez le nouveau-né.
Traitement et hospitalisation écourtés
Cette étude randomisée chez 63 nouveau-nés à terme (≥ 37 semaines d'aménorrhée) exposés in utero aux opiacés (97 % à la méthadone) montre que la buprénorphine réduit de 42 % la durée médiane de traitement par rapport à la morphine (15 jours vs 28 jours). La durée médiane d'hospitalisation est aussi significativement diminuée (21 jours vs 33 jours).
Pour évaluer la sévérité du syndrome de sevrage, les chercheurs ont utilisé l'échelle MOTHER NAS, qui est un score modifié de l'échelle Finnegan. La morphine étant prescrite par voie orale et la buprénorphine par voie sublinguale, le protocole de l'étude a prévu un placebo spécifique afin de garantir le double aveugle. La buprénorphine, ou son placebo, était administrée toutes les 8 heures aux nouveau-nés à l'aide d'une seringue en sublingual associée à une tétine pour maximiser le temps de contact avec la muqueuse linguale. La morphine, ou son placebo, était administrée par voie orale toutes les 4 heures.
La buprénorphine aussi bien tolérée
Le recours à du phénobarbital était également moins fréquent dans le groupe buprénorphine (15 %, 5/33) que dans le groupe morphine (23 %, 1/30). Les effets secondaires étaient comparables dans les deux groupes, avec un léger avantage pour la buprénorphine puisque le groupe morphine présentait une fréquence respiratoire plus basse.
Les auteurs insistent sur le fait que ces résultats ne s'appliquent pas aux prématurés, non étudiés dans BBORN en raison d'un profil différent (symptômes moins graves, échelle spécifique). Le Dr Kraft, pharmacologue à Philadelphie, fait valoir les fortes implications en santé publique d'un tel résultat, notamment aux États-Unis qui ont connu une multiplication par 5 des cas de syndrome de sevrage néonatal au cours des 15 dernières années. « Dans certains hôpitaux, les cas de sevrage néonatal comptent pour plus de 20 % de l'ensemble des journées d'hospitalisation en réanimation néonatale », souligne-t-il.
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