L’Académie de médecine s’ajoute à la liste de plus en plus longue des professionnels mécontents de la politique de santé du gouvernement.
Sous la plume du Pr Michel Huguier, l’Académie exprime dans un récent rapport ses vives « réserves » sur le projet de loi de santé. Adopté en l’état, juge l’académicien, le texte « générera à court terme plus de dépenses que de bénéfices ».
Généraliser le ticket modérateur plutôt que le tiers payant
Deux expériences passées ont prouvé que la diminution du reste à charge pour les patients augmente la consommation médicale et son coût, argumente l’Académie. Ainsi, en 1960, la consultation a été mieux remboursée par décret. Trois ans après, le nombre d’actes avait augmenté de 37 %.
En lieu et place du tiers payant obligatoire, l’institution défend l’idée contraire d’une généralisation d’un ticket modérateur « d’ordre public », « pour responsabiliser chaque prestataire et lui faire prendre conscience du coût des soins qui lui sont prodigués ». Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté en seraient exemptées.
Le DMP pour les patients chroniques : une fausse bonne idée
L’Académie craint qu’une absence d’exhaustivité du contenu du dossier médical partagé (DMP) à tous les professionnels « aille à l’encontre de son objectif », voire « entraîn[e] un risque pour le patient ». À l’inverse, l’exhaustivité pourrait prendre la forme d’un « empilement fastidieux » de données à la pertinence douteuse. Outre les problèmes techniques, l’Académie s’interroge sur l’intérêt d’ouvrir le DMP au patient, « la connaissance de certaines données pouvant lui être très préjudiciable ».
Côté économies, le DMP a déjà coûté « au moins 210 millions de 2004 à 2011 » plus « un demi-milliard en incluant les dossiers hospitaliers informatisés ». « Plutôt que de poursuivre cette expérience, on peut s’interroger sur l’intérêt qu’il y aurait à en faire l’économie », lâche l’Académie.
Trois raisons de dire non à l’infirmier clinicien
Très critique sur la création du métier d’infirmier clinicien, le Pr Huguier pointe « un problème de compétence », un risque de multiplication de recours en justice et une augmentation « certaine » des dépenses pour l’Assurance-maladie.
« Cette création [de métier, NDLR] déclenchera certainement des demandes similaires par d’autres catégories de paramédicaux », craint l’auteur du rapport.
Désertification : des mesures incitatives coûteuses
Le projet de loi prévoit la création de contrats types locaux destinés à réguler l’installation des professionnels de santé. Citant la Cour des comptes, l’Académie ne manque pas de rappeler que le dispositif de praticien territorial de médecine générale (PTMG) a coûté 24 millions d’euros pour un résultat pour le moins « modeste ».
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