Marisol Touraine a reçu de Jacqueline Hubert, directrice générale du CHU de Grenoble, et du Dr Frédéric Martineau, radiologue à Bayonne et président de la conférence des commissions médicale d’établissement (CME) de centre hospitalier, un rapport intermédiaire sur la mise en place des GHT à adhésion obligatoire pour les hôpitaux à partir du 1er janvier 2016 mis en place par le projet de loi de santé.
Vingt propositions sont formulées dans ce document dont « le Quotidien » a eu copie, pour garantir leur réussite. « La coopération entre établissements publics de santé doit leur permettre de soigner mieux et à moindre coût », affirment les auteurs du rapport. Ces derniers préconisent notamment de ne pas regrouper dans un GHT un trop grand nombre d’établissements et de désigner un hôpital support chargé d’assurer, pour le compte du groupement, les fonctions et les activités déléguées. Jacqueline Hubert et Frédéric Martineau recommandent d’accorder un délai supplémentaire de 6 mois pour permettre aux GHT de finaliser leur projet médical partagé, soit avant le 1er janvier 2017.
Lors des salons santé autonomie, la semaine dernière à Paris, médecins et directeurs ont partagé le même constat : les futurs GHT constituent d’abord une opportunité dans la prise charge coordonnée des patients comme dans la rationalisation de la gestion hospitalière.
Les médecins à la manœuvre
Selon le Pr Guy Moulin, patron des CME de CHU, le GHT correspond à « l’évolution naturelle de l’organisation territoriale de soins ». Cette structure publique comprend obligatoirement un CHU et un projet médical commun (auquel hospitalisation à domicile et psychiatrie sont associées). Sur le papier, les CME sont à la manœuvre, ce qui rassure les praticiens, d’autant que les cliniques, le médico-social et les hôpitaux frontaliers peuvent être partenaires.
Mais la réorganisation risque de bousculer les habitudes. Au sein du groupement, l’hôpital « support » gère pour le compte des membres le système d’information, le département d’information médicale (DIM) mais aussi la politique d’achats et la coordination des instituts et écoles de formation paramédicale. Le CHU coordonne en sus la formation initiale, la recherche et les missions relatives à la démographie médicale (consultations avancées). « Avec la baisse des tarifs de 1 % prévue pour 2015, nous devons à tout prix rationaliser sous peine de mettre la clé sous la porte, prévient Jacqueline Hubert. Les petits hôpitaux doivent voir dans les GHT une opportunité sécurisante, qui rompt leur isolement ».
Le poids des élus
Le diable se cache dans les détails. Les PH joueront-ils le jeu de la coordination et des consultations avancées ? Les deux rapporteurs ont en tout cas plaidé auprès de Marisol Touraine en faveur d’une revalorisation de l’indemnité multisite de 415 euros brut par mois. Les médecins DIM se sont inquiétés de la sécurisation des données médicales partagées.
Le pilotage des GHT, volontairement dépourvus de personnalité morale, risque parfois de semer la zizanie entre petits et gros hôpitaux. Des décrets finaliseront les conditions d’application (notamment la trésorerie commune) et le statut particulier des hôpitaux de Paris (AP-HP), de Marseille (AP-HM) et de Lyon (HCL). Et quid de l’influence des élus locaux, souvent rétifs à l’idée qu’on touche à leur hôpital, premier employeur de la ville ? « Le GHT n’a pas été pensé comme un moyen de concentrer l’activité sur l’établissement pivot et de fermer les petits hôpitaux, mais comme la mise en place d’équipes territoriales en imagerie, en biologie ou en pharmacie, par exemple », démine le Dr Martineau.
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale