LES PERSONNES estimées à risque de complications lors de l’infection, quel que soit leur âge ; les personnels de santé et médico-sociaux les plus exposés au risque d’infection grippale et amenés à avoir des contacts fréquents et étroits avec des personnes grippées ou à risque de complication : ce sont les deux catégories pour lesquelles le Haut Conseil de la santé publique, après consultation du Conseil supérieur de la vaccination, du groupe de travail sur la grippe et de l’Institut de veille sanitaire, recommande encore la vaccination. En ce qui concerne les personnes sans facteur de risque, le HCSP « rappelle que toute personne qui le souhaite doit pouvoir être vaccinée » mais il s’abstient d’une recommandation explicite.
Cette révision stratégique prend en compte l’analyse des différents paramètres, tant épidémiologiques que vaccinaux : l’hypothèse de la survenue d’une ou de plusieurs autres vagues pandémiques semble « peu probable » aux experts du HCSP, et de l’absence de variations génétiques ou antigéniques significatives identifiées à ce jour sur les souches analysées.
Pourtant, le bilan de la campagne de vaccination pandémique, notent les rédacteurs de l’avis, montre « l’insuffisance de la couverture obtenue », avec 5,75 millions de sujets vaccinés, soit 9 % de la population française (chiffres au 18 janvier). Mais la proportion des personnes immunisées doit être corrigée en intégrant les personnes qui ont présenté une forme clinique asymptomatique et les sujets bénéficiant d’une préimmunité. On estime alors entre 12 et 18 millions, soit entre 19 et 30 % de la population, les personnes protégées aujourd’hui.
Toujours en circulation.
Le HCSP ne remet pas en cause l’effet protecteur du vaccin, non plus qu’il n’émet de doute sur sa balance bénéfice-risque et il constate que le risque individuel persiste avec la circulation du virus. Il rappelle que 257 cas graves (20 %) et 42 décès (15 %) sont survenus chez des personnes qui ne présentaient pas de facteurs de risque. « Justement, intervient le Pr Didier Houssin, c ’est parce que nous enregistrons ce taux élevé de cas graves et de décès chez des personnes dépourvues de facteurs de risque que la question de réviser notre stratégie vaccinale ne nous semble pas aujourd’hui posée, alors que les données de pharmacovigilance confirment la très bonne tolérance des vaccins et que nous disposons des vaccins en nombre suffisant. » Pour le directeur général de la Santé, « la modification de la communication officielle sur la vaccination est d’autant moins opportune que nous sommes en présence d’un virus qui, sans avoir subi de mutations génétiques ou antigéniques à ce jour, suscite des évolutions épidémiques un peu erratiques. Le Haut Conseil n’en disconvient pas, qui constate que le virus continue à circuler et qu’il est très probable que cette circulation perdure dans les semaines à venir. »
Quant à la conduite à tenir des médecins, désormais seuls (avec les hôpitaux SAMU) en charge de la vaccination, le Pr Houssin distingue deux cas : « Les patients qui demandent à être vaccinés et qui, naturellement, doivent l’être, et ceux qui demandent conseil à leur praticien, qui doivent recevoir une réponse favorable à la vaccination. »
Au cabinet de Roselyne Bachelot, la question d’une suite officielle à donner à l’avis du HCSP, dix jours après sa publication, était toujours à l’étude lundi. « En annonçant publiquement que la stratégie vaccinale doit être revue à la baisse, estime le Pr Claude Hannoun, ancien directeur du Centre national de référence sur la grippe, on courrait le risque de décourager les candidats actuels à la vaccination. Or, si la survenue de vagues ultérieures semble peu vraisemblable, elle n’est cependant pas exclue. Il ne faudrait pas sonner la démobilisation alors que le virus reste en embuscade » (lire encadré).
S’agissant de la politique vaccinale optimale à mettre en uvre en vue de la grippe de l’hiver 2010-2011, le Haut Conseil estime que les données nécessaires à sa réflexion ne sont pas à ce jour disponibles, dans l’attente des recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Comme chaque année, celles-ci devraient être rendues publiques vers le 25 février, avec la composition de la souche vaccinale retenue pour l’hémisphère nord. « Les recommandations dans l’hémisphère sud, communiquées en septembre dernier, substituent le H1N1 2009 au H1N1 de la grippe saisonnière, précise le Pr Hannoun . Si les stocks de vaccin pandémique monovalent sont restés en vrac, sans être reconditionnés en mono- ou multidoses, il sera alors temps de les réemployer. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes