Les médecins libéraux ont perçu ces deux dernières semaines leur rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Cette année, 90 700 médecins ont touché en moyenne 4 600 euros. Cette prime grimpe à près de 7 000 euros pour les seuls médecins généralistes, en hausse de 3,4 % par rapport à 2016 (« le Quotidien » du 24 avril).
Cette somme représente un complément de revenu non négligeable pour les médecins. La CSMF s'est félicitée du bilan « globalement positif » de ce mécanisme, « qui a permis la valorisation des bonnes pratiques médicales et l’amélioration de la prise en charge du patient ». Pour la centrale du Dr Jean-Paul Ortiz, ce résultat est à mettre au crédit de l'implication des médecins et doit être « poursuivi et amplifié ».
Le syndicat ne comprend pas que la ROSP ne soit pas étendue à tous les médecins, « quelle que soit leur spécialité ». Actuellement, mis à part les généralistes, seuls les cardiologues et les gastroentérologues sont concernés par la ROSP – ils ont perçu respectivement 2 475 et 2 277 euros pour 2016. Les endocrinologues négocient toujours un dispositif spécifique. Les autres spécialités ne touchent qu'une prime de 950 euros en moyenne pour l'organisation du cabinet.
La FMF estime également que « tous les spécialistes devraient être éligibles » à ce mode de rémunération. « Le principal écueil de cette ROSP est qu'elle n'impacte pas la majorité des spécialités médicales, dont le revenu n'a par ailleurs pas augmenté ces dernières années », enchérit le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Le syndicat rappelle également que la ROSP « ne doit pas devenir la principale source de rémunération des médecins ».
Le forcing des médecins remplaçants
Du côté des jeunes généralistes de ReAGJIR, on estime que la ROSP devrait aussi concerner les remplaçants. « Nous avons 11 285 médecins remplaçants en France, ils assurent la continuité des soins et remplacent en moyenne 6,1 médecins installés par an, on ne peut pas continuer à les exclure d’un dispositif performant », fulmine le Dr Sophie Augros. La présidente de ReAGJIR propose d'introduire des critères spécifiques aux remplaçants dans la ROSP, comme la permanence des soins ou le remplacement en zone fragile.
Au-delà d'un dispositif plus étendu, incluant spécialistes et remplaçants, ce sont avant tout certains indicateurs qu'il faut remettre en question, selon MG France. « Dans le cas du dépistage du cancer du sein, par exemple, le processus n'est pas individualisé entre le patient et son médecin, car il fait l'objet de campagnes nationales, or si on en avait toute la maîtrise, on pourrait rappeler les patientes et donc améliorer ces objectifs », souligne le Dr Claude Leicher, président du syndicat de généralistes.
La CNAM elle-même a relevé un essoufflement des progrès et juge qu'il est nécessaire de revoir certains indicateurs devenus moins pertinents ou obsolètes. Elle appelle à une « remobilisation » sur certains items comme la vaccination ou le dépistage des cancers du col de l'utérus ou du sein, à la peine. Reste à savoir si les médecins s'approprieront les 17 nouveaux indicateurs de la ROSP (alcool, tabagisme, dépistage du cancer colorectal…) et une version consacrée au suivi des enfants. La partie organisation du cabinet sera elle basculée dans un nouveau forfait structure appelé à monter en puissance dans les 3 ans.
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