Bénéficier d’un accès aux soins facile est une « condition essentielle au "bien vieillir" » pour les personnes âgées, souligne la Caisse des dépôts, dans une étude sur « les disparités territoriales en matière de vieillissement et d’accès aux soins », qui documente justement les fortes inégalités en la matière.
Alors que la France compte 16 millions d'habitants de plus de 60 ans, cette enquête a analysé ces écarts d’accès aux soins des seniors pour trois types de professions médicales et paramédicales : généralistes libéraux, infirmiers libéraux et masseurs-kinésithérapeutes. Les auteurs ont utilisé les indicateurs d’accessibilité potentielle localisée (APL) utilisés par la Drees (ministère) et l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), déclinés ensuite à l’échelon communal.
Fragilités en Centre-Val de Loire et en Île-de-France
Selon cette méthodologie, les « déserts médicaux » sont définis comme des territoires où l’accessibilité aux médecins généralistes est inférieure à « 2,5 consultations par an » et par habitant, alors que la moyenne s'élevait à 4,1 consultations en 2016. Des zones sous-denses que l’on retrouve plutôt « à l’intérieur des terres », où les personnes âgées résident majoritairement, précise l’étude, alors que l'accès aux généralistes est meilleur dans les zones littorales.
Ainsi, c’est en Centre-Val de Loire et en l’Île-de-France que l’accessibilité aux généralistes est la plus faible. Dans la région francilienne, « c’est probablement lié à la densité de population. Le poids démographique des populations à prendre en charge est tel que la réponse reste insuffisante », analyse Ronan Mahieu, directeur des études et des statistiques à la Caisse des dépôts. Les plus de 60 ans en zone rurale sont particulièrement tributaires du manque de médecins de famille.
Malgré tout, l’accès aux soins de généralistes libéraux reste « beaucoup plus homogène sur le territoire que l’accès aux services d’infirmiers libéraux ou de masseurs-kinésithérapeutes », observe l’étude. Or, la présence de ces paramédicaux libéraux est « cruciale » pour la prévention de la perte d'autonomie, insiste l'étude.
Pour ces deux professions, les inégalités régionales sont encore plus marquées. Côté infirmiers, l’accès aux soins est particulièrement problématique dans le nord du pays, en particulier dans une vaste zone allant de la Normandie à Poitou-Charentes en passant
par les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire. Seuls territoires qui tirent leur épingle du jeu au nord du pays : le Nord-Pas-de-Calais, l’Alsace et de l’ouest de la Bretagne.
Quant à l’accessibilité aux kinés, elle est particulièrement élevée sur la côte atlantique et méditerranéenne – à l’exception de la Corse – mais singulièrement plus faible à l’intérieur des terres (région Auvergne-Rhône-Alpes par exemple).
1,7 million de personnes très défavorisées
« Environ 3 % de la population, soit 1,7 million de personnes, est très défavorisée en termes d’accessibilité » aux généralistes, infirmiers ou kinésithérapeutes, relevait aussi la Drees en septembre 2021. Les trois quarts vivent dans des territoires ruraux. Le phénomène inégalitaire est d’autant plus marqué pour les kinés où « l’APL médiane pour les communes denses est 2,5 fois plus élevée que pour les zones très peu denses », précise l’étude.
L'étude a mis au jour un constat paradoxal. « On aurait pu penser que les disparités d'accessibilité seraient marquées en fonction du niveau de vie des communes, dans le sens où il y aurait pu avoir une concentration des professionnels dans les communes au niveau de vie plus élevé, mais ce n’est pas le cas », indique Ronan Mahieu. À titre d’exemple, dans les zones relativement denses, l’accessibilité aux soins des infirmiers libéraux est meilleure… lorsque le revenu médian de la population est faible.
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