DE NOTRE CORRESPONDANTE
C’EST UN TOUR de passe-passe explosif qui est envisagé par l’État italien : financer l’Aspi, la nouvelle indemnité de chômage instaurée par le gouvernement de technocrates de Mario Monti dans le cadre de la réforme du marché de l’emploi, en supprimant... l’exonération du ticket modérateur accordée aux chômeurs. Cette mesure permettrait d’économiser plusieurs centaines de milliers d’euros par an, l’exonération de ticket modérateur concernant cinq millions de chômeurs et leurs familles.
Pour justifier cette décision inscrite dans la réforme de l’emploi, les techniciens du ministère de l’Emploi et des Politiques sociales ont expliqué que « la palette de nouveaux amortisseurs mis en place par le gouvernement pour réformer le marché du travail est amplement suffisante ».
Décision inique.
Selon un décret de 1993 approuvé par le Parlement italien, les sans-emploi qui résident en Italie peuvent effectuer leurs examens médicaux, suivre des traitements de physiothérapie, bénéficier de cures thermales et obtenir des médicaments sans débourser un centime. A condition toutefois que leurs revenus annuels soient inférieurs à 8 263 euros pour les personnes seules et à 11 362 euros pour les couples. Pour chaque enfant à charge, ce montant est rehaussé de 516 euros.
Le texte préparé par l’équipe de techniciens du ministère de l’Emploi et de Politiques sociales, prévoit de supprimer cette gratuité pour toute la partie des examens diagnostiques et de laboratoire, la physiothérapie et les soins thermaux. En revanche, la gratuité des médicaments serait maintenue, cette prise en charge étant du ressort des régions.
Le texte a déjà été présenté à la commission parlementaire chargée d’examiner le projet de loi sur la réforme de l’emploi, texte qui doit être approuvé par les deux chambres afin la fin du printemps. Du coup, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre suscitant les critiques de l’ensemble de la classe politique et syndicale. Pour les trois principales confédérations de salariés (CGIL, CISL, UIL) qui soulignent l’augmentation du taux de chômage en raison de la crise, l’arrêt brutal de ces prises en charge est une
« décision inique inacceptable qui frappe une fois de plus les couches les plus défavorisées ».
Moins de prévention, plus d’hospitalisations.
Le son de cloche est identique coté politique. « Cette norme est inconstitutionnelle ! Le parti démocrate présentera rapidement un amendement pour faire modifier le texte avant le vote au Parlement et au Sénat » a tonné Ignazio Marino, sénateur et membre de la Commission parlementaire concernant les lois sur la Santé. Le jugement est encore plus sévère du coté de « l’Italie des valeurs », le parti centriste et populiste fondé par l’ancien juge Antonio Di Pietro. « La norme inscrite par le ministère du Travail signifie moins de prévention, plus de morts et de maladies et une augmentation des coûts à charge de la Sécurité sociale dans la mesure où les chômeurs devront se faire hospitaliser dans des structures publiques pour bénéficier de la gratuité prévue par le système italien. Ce gouvernement composé de professeurs universitaires ne sait-il pas que les coûts de la santé publique peuvent être réduits grâce à la prévention ? » a alerté Antonio Di Pietro. La droite berlusconienne quant à elle, s’est dite « scandalisée ».
Face à cette levée de boucliers, le ministre de l’Emploi a tenté de faire marche arrière. Dans une note adressée au Sénat, Elsa Fornero, a expliqué sans convaincre qu’« il s’agit d’une erreur de transcription ». Elle a ajouté qu’elle présentera un amendement de modification. Mais la polémique est loin d’être terminée, la commission parlementaire étant déjà submergée d’amendements sur la réforme de l’emploi...
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