Député certes, mais médecin avant tout, je continue dans ma circonscription du Pas-de-Calais d’exercer, à chaque moment disponible, pour aider au mieux mon confrère partenaire dans notre Cabinet et lutter ainsi contre un risque de désert médical. Un risque évident avec la quasi-impossibilité aujourd’hui de trouver un remplaçant compte tenu d’un « numerus clausus » fixé depuis des années trop bas et d’un allongement permanent mais incontournable de la durée des études.
Ce désert médical va-t-il maintenant s’associer à un désert parlementaire, beaucoup moins grave il est vrai, avec la diminution de 30 % du nombre de députés et sénateurs proposé par le Président Emmanuel Macron ?
Ce projet gouvernemental de la réforme de la Constitution et des Institutions prévoit, entre autres modifications, de passer le nombre de députés de 577 à 404 et le nombre de sénateurs de 348 à 244.
Un signal fort pour les comptes publics
Cette mesure, plébiscitée par l’opinion publique, n’a sur le plan réduction des dépenses de l’État qu’une valeur symbolique, mais elle constitue pour le Pouvoir un signal fort de sa volonté d’un début de redressement des comptes publics.
Sur le plan pratique, un député en zone rurale verra sa circonscription s’agrandir territorialement d’environ 30 à 50 %, beaucoup moins en zone urbaine ou la densité de population au km/carré est considérable.
Il y aura désormais environ un député pour 170 000 habitants contre actuellement en moyenne un député pour 115 000 habitants. (En Allemagne un député pour 160 000 habitants).
En conséquence, les députés ruraux, comme les sénateurs, passeront, pour visiter leurs électeurs, des heures et des heures sur la route, comme c’est le cas pour leurs patients de beaucoup de médecins. Peut-on pour autant parler de désert parlementaire ? Certainement pas mais on s’en rapproche.
Aux États-Unis, avec une population cinq fois plus nombreuse et un territoire dix-sept fois plus étendu il y a 535 parlementaires (Sénat et Chambre des Représentants) pour actuellement 925 en France.
L'occasion de donner un vrai statut au suppléant
Les députés français devront donc, comme par exemple leurs collègues américains, prendre davantage de temps pour parcourir leur circonscription et aller au-devant de leurs électeurs.
C’est pourquoi j’estime nécessaire de modifier le statut très mineur dévolu actuellement au suppléant d’un député. Il faut donner au suppléant des attributions et des délégations lui permettant de suppléer véritablement son député.
Je présenterai dans le débat sur la réforme de la Constitution un amendement en ce sens donnant au suppléant un véritable rôle ne serait-ce que de représentation, par exemple dans certaines commissions, du député élu, en dehors bien entendu de tout droit de vote ou de présence dans l’hémicycle.
Pour l’heure, dans ma « circonscription médicale » du Pas-de-Calais, j’accueillerai avec plaisir la candidature d’un suppléant !
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