Didier Houssin compte sur les médecins pour renverser la tendance

Publié le 29/11/2010
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Crédit photo : S. TOUBON

LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - La campagne semble avoir démarré lentement, où en est-on ?

Pr DIDIER HOUSSIN - Les premières données de l’Assurance-maladie montrent que l’on se situe, en termes de couverture vaccinale, en dessous du niveau atteint en 2008-2009, la comparaison avec l’an dernier n’étant pas pertinente compte tenu du contexte particulier. On se situe plutôt au niveau de 2006-2007. Bien sûr, la campagne ne fait que commencer puisqu’elle va se poursuivre jusqu’à la fin du mois de janvier. Mais nous préférons alerter les médecins et nous comptons sur eux pour renverser la vapeur. La circulation du virus cette année est relativement tardive, il est encore temps de se faire vacciner.

Quel message voulez-vous faire passer ?

Des affiches ont été adressées dans les cabinets et dans les pharmacies avec un message clair : la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a commencé, la vaccination est recommandée par les personnes à risque, parlez-en à un professionnel de santé. Le rôle des médecins est crucial, parce que les patients ont confiance en eux. IL est très important que les professionnels de santé jouent leur rôle et qu’ils proposent la vaccination en fonction des recommandations du Haut Conseil de la santé publique. Eux-mêmes doivent se faire vacciner et, pour la première fois cette année, ils peuvent le faire gratuitement grâce au bon de prise en charge qui leur a été envoyé. Il serait très dommage que les polémiques de l’année dernière aient des conséquences sur la vaccination contre la grippe saisonnière de cette année et sur la vaccination en général.

Quelles sont, selon vous, les raisons de cette réticence ?

Certaines idées fausses continuent de circuler et il faut absolument les combattre. La première consiste à faire croire que la grippe n’est pas une maladie grave ; il faut rappeler que les formes graves peuvent conduire à des hospitalisations et à des décès. Une deuxième idée circule, selon laquelle le vaccin serait un vaccin spécial : le vaccin proposé est le vaccin saisonnier habituel avec ses 3 valences, dont la valence H1N1, d’ailleurs toujours présent, composé des trois souches de virus qui ont circulé au début de l’année 2010. C’est un vaccin banal. Nous n’utilisons pas les stocks de vaccins pandémiques, comme le laissent aussi supposer certaines rumeurs. Il est vrai que nous disposons encore de stocks mais ils ne sont pas utilisés. Toujours à propos des vaccins, on trouve encore sur Internet de fausses affirmations sur leur dangerosité. Même pour la pandémie, les données ont montré que les craintes quant à l’innocuité des vaccins et des adjuvants n’étaient pas fondées. On entend aussi dire que le vaccin contre la grippe saisonnière contient un adjuvant et que ce dernier serait dangereux. Parmi les vaccins proposés, un seul contient un adjuvant*. C’est un vaccin utilisé depuis longtemps et qui a démontré qu’il est parfaitement sûr. Enfin, il convient de rappeler à ceux qui pensent que le vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas efficace, l’étude récente de l’INED (Institut national d’études démographiques) qui montre que l’introduction de la vaccination a considérablement réduit la mortalité liée à la grippe**. Certes, la vaccination ne protège pas totalement mais elle évite les formes graves. Il convient aussi de souligner que la vaccination doit être réalisée chaque année pour les personnes qui présentent un facteur de risque qu’elles aient été vaccinées avec un des vaccins pandémiques ou avec un vaccin saisonnier.

* Gripguard.

** « Le Quotidien » du 29 septembre.

 PROPOS RECUEILLIS PAR LE Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8865