Paris et Pékin sont liées par un partenariat sur la médecine d’urgence depuis 2003. Trente urgentistes chinois sont venus se former dans les SAMU parisiens avant les Jeux Olympiques, puis un centre franco-chinois de formation à la médecine d’urgence (CFMU) et de catastrophe a ouvert ses portes à Pékin.
Situé à l’hôpital Anzhen, une référence en cardiologie, le centre héberge un plateau technique de simulation complet. Près de 6 500 médecins chinois ont été formés entre ces murs. Il y a là des simulateurs d’échographie, des troncs pour intuber, des jambes pour poser les agrafes, un bassin pour s’entraîner à l’accouchement... Et même un mannequin haute fidélité SimMan 3G, qui simule blessures, hémorragies et traumatismes. Le groupe Total en a financé l’achat.
Pratiques variables d’une province à l’autre
La médecine d’urgence est devenue une spécialité officielle en Chine il y a 30 ans seulement. Son développement a été remarquable dans les grandes villes, mais les campagnes sont très en retard.
La formation des urgentistes reste hétérogène, comme l’explique Chen Fan, coordinatrice de la partie chinoise du CFMU : « En Chine, on peut devenir urgentiste après avoir fait 5, 7 ou 8 années d’études. L’objectif du centre est de se familiariser avec les avancées internationales. Les hôpitaux de niveau 1 sont proches des standards internationaux, mais les hôpitaux de niveau 2 et 3 en sont encore loin ».
L’AP-HP envoie régulièrement des médecins à Pékin pour animer les sessions. Avec leur aide, les Chinois perfectionnent leurs gestes. Mais les failles du système demeurent, comme l’observe le Dr Jérôme Mourad, détaché du SAMU 93 pour coordonner le centre l’an passé : « En Chine, la médecine d’urgence est de bon niveau dans les grands centres hospitaliers, mais le système est cloisonné, il n’y a pas de filières d’aval, et les moyens manquent. Un service avec 400 entrées par jour peut tourner avec 4 médecins et 2 internes : impensable en France ! ».
Le système préhospitalier, surtout, n’est pas au point. « En France, reprend le Dr Mourad, on désobstrue le patient qui a un infarctus dans les deux heures. En Chine, le SAMU se déplace mais il n’est pas très efficace : à bord ce sont les médecins les moins diplômés et ils ne font pas grand-chose. Il n’y a que deux hôpitaux équipés d’une salle de coronarographie pour tout Pékin ! ».
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