FAUT-IL y voir un signe d’impatience ou l’amorce d’un nouveau changement de cap ?
Marisol Touraine, interrogée à l’Assemblée nationale, a en tout cas jugé que les 210 000 créations de dossiers médicaux personnels (en réalité 233 524) revendiquées par l’ASIP-Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé, chargée de la gouvernance du DMP) sont...« largement théoriques ». Pire, les professionnels de santé « ne se sont pas appropriés » cet outil, n’y voyant pas « un soutien à leur pratique quotidienne ». La ministre de la Santé souhaite « aller vers un DMP de 2e génération », avec le concours actif des professionnels de santé pour la définition des objectifs à atteindre.
La ministre de la Santé propose quelques pistes, précisant que le DMP pourrait être utile en priorité « dans le cadre du parcours de santé des personnes âgées ou en ALD ». Surtout, elle prévient qu’il faudra « revoir la gouvernance de ce dossier qui n’est pas satisfaisant ». Difficile d’être plus critique...
Défi technique.
Joint par « le Quotidien », le directeur de l’ASIP-Santé remet les choses en perspective. Jean-Yves Robin rappelle que « le rapport de la Cour des comptes regrettait que l’État (depuis des années) n’ait pas réuni les conditions du succès du DMP. Si l’État ne l’inscrit pas dans une politique de santé, ajoute-t-il, ce n’est pas simple pour nous... ». Une façon de rappeler que ce chantier a été mal piloté depuis longtemps.
S’il reconnaît que « le déploiement et les usages du DMP démarrent lentement », le patron de l’ASIP insiste sur le chemin récemment parcouru. « Cela fait 18 mois à peine que le déploiement du DMP est commencé. Durant ce temps, nous avons aussi accompagné le déploiement de logiciels DMP-compatibles. Nous en sommes au 100e ». Le directeur de l’ASIP réfute l’idée que les dossiers créés soient largement « théoriques ». « Ils existent, assure-t-il, mais ça ne veut pas dire qu’il y a usage. Nous avons réussi le défi technique, nous devons poursuivre nos efforts sur le développement des usages afin que les professionnels de santé et plus particulièrement les médecins se l’approprient complètement ».
À MG France, où on réclame une remis à plat complète du dossier, le Dr Claude Leicher s’essaie à la parabole. « Il faut comprendre que si on vous propose un stylo sans plume et sans encre, vous aurez du mal à l’utiliser ». Pour lui, le DMP « doit être remis à l’endroit autour de la relation médecin traitant/patient, dans un parcours de soins valorisé ». Le patron de MG France appelle de ses vœux une nouvelle gouvernance du DMP, « associant professionnels de santé et usagers ». Pour nombre d’experts et de professionnels, le volet médical de synthèse (instauré dans la convention) doit être le socle du futur DMP.
De son côté, le député socialiste Gérard Bapt, premier pourfendeur du DMP actuel, ne boude pas son plaisir après les critiques ministérielles. « Il faut restaurer l’autorité politique qui doit reprendre la main sur le DMP, juge-t-il, l’ASIP ne doit être qu’un opérateur au service de sa politique ».
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