Plus de 200 médecins généralistes et spécialistes, hospitaliers et libéraux, ont signé au début du mois de juin une lettre ouverte à l'attention de l'agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté afin de réclamer le maintien d'un projet de plateau technique de coronarographie-angioplastie au centre hospitalier de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
L'enjeu est d'améliorer les délais de prise en charge des urgences cardiologiques (infarctus du myocarde, troubles du rythme graves, insuffisance cardiaque aiguë) en dotant l'hôpital d'une salle stérile de coronarographie et d'angioplastie coronaire. Actuellement, les 350 000 patients du bassin de Chalon-sur-Saône doivent en cas de nécessité se rendre au CHU de Dijon ou au centre hospitalier de Mâcon, respectivement à plus de 60 km au nord et au sud de la Chalon-sur-Saône.
Pour comprendre l'affaire, il faut remonter dans le temps. Les professionnels signataires de la lettre ouverte craignent que leur ARS, qui a changé de directeur général en janvier, refuse d'appliquer un arrêté pris le 28 juillet 2016 par la précédente direction de l'agence, qui reconnaissait un « besoin exceptionnel » de coronarographie pour le Nord Saône-et-Loire. Cette publication avait conduit l'hôpital de Chalon-sur-Saône à déposer en novembre dernier un dossier d’autorisation pour disposer d’un service de coronarographie et d’angioplastie. Souci : ni le CHU de Dijon, ni le centre hospitalier de Mâcon, appelés par l'ARS à s'impliquer dans le projet pour améliorer l'ensemble de la filière cardiovasculaire sur le territoire, n'ont vu cette initiative d'un bon œil.
Un attrait pour les jeunes médecins
« Lorsque nous avons rencontré l'ARS, en mai dernier, nous avons senti un changement de position de leur part que nous ne comprenons pas, en tant que médecin, regrette le Dr Jean-Luc Philip, chef de service de l'unité de soins intensifs de cardiologie de l'hôpital de Chalon. Nous proposons d'améliorer le temps de prise en charge des patients en travaillant de concert avec les deux autres hôpitaux, rien de plus. »
« C'est tout simplement ubuesque, renchérit son confrère, le Dr Maxime Fayard, cardiologue angiologue en charge du projet. 30 % des patients de Dijon et 25 % des patients de Mâcon proviennent de chez nous. Ces deux hôpitaux craignent une perte d'activité, c'est pour cela qu'ils ne veulent pas coopérer. »
Pour convaincre l'ARS d'aller jusqu'au bout, les cardiologues signataires mettent en avant l'enjeu d'attractivité médicale. « Le projet ne concerne pas l'hôpital mais le territoire, assure le Dr Christian Gérard, cardiologue libéral également signataire de la lettre ouverte à l'ARS. Avoir un plateau technique digne de ce nom permettrait d'attirer les jeunes médecins, qui se font rares. » Le médecin espère que s'il voit le jour, le plateau technique de coronarographie-angioplastie sera ouvert aux médecins libéraux, sur le modèle des conventions ville-hôpital passées en rythmologie.
La décision de l'ARS dans les prochains jours
Pour l'instant, les acteurs locaux sont dans l'attente de la décision de l'ARS. Au début du mois de juin, le CHU de Dijon a rappelé par voie de presse son opposition au projet. « Pour les hôpitaux publics, ces autorisations sont détenues par le CH de Mâcon pour la Saône-et-Loire, le CHU Dijon Bourgogne pour la Côte-d’Or, le CH d’Auxerre pour l’Yonne et le CH de l’agglomération de Nevers pour la Nièvre, a rappelé l'établissement. Ce faisant, en Bourgogne, l’accès à un plateau technique de cardiologie interventionnelle pour la prise en charge des lésions coronaires est supérieur à la moyenne nationale. L’amélioration de la prise en charge des patients ne passe pas nécessairement par une augmentation du nombre d’installations mais par l’organisation d’une meilleure articulation entre soins de proximité et soins spécialisés. »
Les médecins contestataires s'inquiètent de la disparition du projet dans le projet régional de santé, en cours de rédaction. Contactée par le « Quotidien », l'ARS a indiqué que la décision sur ce dossier sera rendue publique dans les « prochains jours ».
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