POUR XAVIER Bertrand, il est logique que l’État n’indemnise pas les victimes du Mediator dans le cadre du fonds. « C’est qui l’État ? C’est le contribuable. On ne va pas dire que c’est au contribuable de payer », a-t-il argumenté lors de son audition parlementaire. « Ce n’est pas parce que j’ai toujours pointé la responsabilité directe et première des laboratoires [Servier], que je n’oublie pas la responsabilité de l’État », a-t-il complété, voulant couper court à la polémique. « La justice dira qui est responsable de quoi ».
L’État, intervenu pour créer un fonds public, « n’a pas cherché à esquiver ». Si l’État est exclu de la procédure d’indemnisation, c’est en raison d’une loi, celle du 4 mars 2002, qui sert de cadre au dispositif, rappelle le ministre, soucieux de faire la paix avec le corps médical. « L’ONIAM n’appellera pas la responsabilité de qui que ce soit d’autre que Servier », a-t-il réaffirmé, se disant « prêt à enrichir » le projet de loi créant le fonds afin, sans doute, de tranquilliser les prescripteurs, inquiets à l’idée que Servier ou les patients les mettent en cause (« le Quotidien » du 13 mai). Le ministre appelle les laboratoires Servier à ne pas jouer la montre. « J’attends un changement d’attitude [de leur part]. J’ai vu ce qui s’est passé pour l’Isoméride ». Les visiteurs médicaux sont dans la ligne de mire du ministre, qui souhaite que le jour soit fait sur « la façon dont (ils) ont travaillé ».
Un texte de loi sera déposé avant l’été pour réformer en profondeur la chaîne du médicament. À ce stade de la réflexion, le ministre laisse les jeux ouverts. Il ne songe pas à interdire les prescriptions hors AMM, mais à les encadrer en établissant des catégories. Le sujet, a-t-il confié, n’est pas encore tranché. Qui doit financer la formation des médecins ? Xavier Bertrand a « une idée assez précise » sur la question : « C’est le rôle de la puissance publique d’intervenir. L’État doit être davantage présent ». C’est également l’État « qui va financer » l’AFSSAPS, a-t-il dit.
Au député Gérard Bapt, qui lui demandait « des gestes symboliques » sur certains médicaments pour marquer la rupture, le ministre a répondu qu’il n’entendait pas fuir ses responsabilités pour l’Actos, un antidiabétique soupçonné de favoriser les cancers de la vessie, que les conclusions de l’étude de la CNAM, attendues fin mai, soient claires ou pas : « Le doute doit profiter au patient ». L’ensemble de la pharmacopée sera « passé au peigne fin » pour vérifier qu’un autre Mediator ne traîne pas « dans les soutes », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne serait pas le ministre de la Santé qui déremboursera l’homéopathie, par crainte d’un transfert vers l’allopathie et d’une rupture du lien de confiance entre les patients et le médicament.
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