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Dossier

Autour d'Amboise, comment la CPTS Asclépios ancre l'interpro sur le territoire

Par Loan Tranthimy - Publié le 21/11/2019
Autour d'Amboise, comment la CPTS Asclépios ancre l'interpro sur le territoire


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À 10 km au sud d'Amboise (Indre-et-Loire), Bléré, 5 000 habitants. C'est dans cette petite commune rurale, en bordure du Cher, que l'équipe d'animation de la CPTS Asclépios* a choisi de se retrouver ce matin de novembre. 

Autour de la table, deux médecins, trois pharmaciens, un kiné, un infirmier et une diététicienne échangent sur les sujets à l'ordre du jour : bilan de la campagne « mois sans tabac », formation à l'éducation thérapeutique, mise en place du réseau e-CPTS, appel à projet national sur la psychiatrie… Après deux ans de fonctionnement, les fondateurs de cette CPTS se disent « déterminés » à accélérer la dynamique pluripro impulsée sur ce territoire. « Grâce à cette organisation, il y a une reconnaissance et une fluidité dans les relations entre les professionnels de santé », témoigne Émeric Vaillant, infirmier à Amboise, sous le regard approbateur des autres membres du bureau. 

Recrutement d'une coordinatrice 

Créé il y a déjà deux ans pour formaliser et étendre des liens existants, ce collectif de libéraux baptisé Asclépios, « clin d'œil » au dieu gréco-romain de la médecine, couvre un territoire de 50 000 habitants avec 250 professionnels de santé libéraux dont 48 généralistes et 20 spécialistes. Son démarrage n'a pas été simple. « Au début, nous nous sommes débrouillés seuls, bénévolement, avec peu de moyens. Mais grâce à la fédération des URPS, nous avons pu structurer le réseau, rédiger le projet de santé et fédérer les professionnels », se rappelle le Dr Alice Perrain, généraliste, présidente de la CPTS.

Ce projet validé dès 2018 par l'ARS se fixe pour objectifs de fluidifier le parcours de soins (y compris en renforçant le lien ville/hôpital), améliorer les conditions d’exercice et l'attractivité du territoire et développer l’usage des outils numériques pour une meilleure coordination des acteurs de la CPTS.

Asclépios a recruté à cet effet une coordinatrice (3 jours par semaine) et une secrétaire (5 heures par mois). La CPTS a touché une aide au démarrage du conseil régional (à hauteur de 20 000 euros) et des subsides de l'ARS (50 000 euros en 2018 et 50 000 euros en 2019). « Pour avoir ce financement, cela a été compliqué. Dossier perdu, complexité administrative. Mais maintenant, le dialogue est constant avec l'ARS », se félicite le Dr Perrain, installée à la Croix-en-Touraine.  

Rythme de croisière

Après deux ans de fonctionnement, le bilan est jugé « positif ». Formations interpro, groupes de travail pour l'élaboration de protocoles de délégation de tâches, soirées d'éducation thérapeutique, actions de prévention pour la population (BPCO, addictions)... Pour 2018, 60 professionnels ont participé à « une action au moins ». Ils seront 80 libéraux à la fin de 2019. « Ce début est encourageant. Sans moyens financiers, la mise en place des actions a été lente », admet la présidente de la CPTS.

Aujourd'hui, ce « pool » de libéraux a trouvé son rythme de croisière et la CPTS Asclépios s'apprête à franchir une nouvelle étape clé en contractualisant avec l’ARS et l’assurance-maladie. Défini par l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI), le contrat de cinq ans fixe les missions et les actions à déployer sur le territoire (lire ci-contre). En contrepartie, la CPTS recevra un financement pérenne – jusqu'à 287 000 euros par an. 

Médiateur de recours

L'accès aux soins est l'une des missions prioritaires. Asclépios va recruter un « médiateur de recours », chargé de recenser les patients sans médecin traitant, les praticiens qui peuvent prendre en charge de nouveaux patients et leurs compétences particulières (addictologie, gynécologie, psychiatrie). « Pour les patients précaires ou handicapés, on a prévu que le médiateur les accompagne jusqu’au bout de la démarche », précise la présidente de la CPTS.

Pour la mission « accès aux soins non programmés », l’association a chargé le Dr François Trabut, généraliste à Saint-Georges-sur-Cher, de réaliser un état des lieux via un questionnaire. « On va voir comment les médecins du territoire s’organisent. Ici, il existe une forte disparité entre les secteurs. Selon les situations, on pourra réfléchir à des solutions adaptées », commente-t-il. 

Dépistage de la BPCO par des pharmaciens

Autre priorité : enrayer la baisse de l’offre médicale. « Notre territoire est fragile. À Amboise, il y avait 15 médecins généralistes il y a quelques années, aujourd'hui seulement huit dont deux ou trois vont partir à la retraite », dévoile la présidente de la CPTS. C'est pourquoi Asclépios poursuivra ses initiatives en faveur de l'attractivité du territoire : accueil des stagiaires et des remplaçants, aides au financement de logements, mise en relation entre remplaçants et installés.

En matière de prévention, la CPTS propose à la CNAM de continuer des actions déjà mises en place comme le dépistage de la BPCO par les pharmacies équipées de spiromètre ou la formation des professionnels en addictologie.

Une nouvelle réunion de cadrage est prévue avec la caisse. « La CPAM nous a rassurés sur ce sujet : il n'y a pas d'objectifs chiffrés la première année », explique Gilles Conan, pharmacien à Amboise et trésorier. Autre nouvelle encourageante : « La caisse s'est engagée à verser les fonds début décembre si les indicateurs sont bien définis, se félicite le pharmacien. Cet argent nous permettra de recruter des intervenants, d'indemniser les professionnels participants et les membres de la CPTS ».

*La CPTS s'étend autour des communes d'Amboise, de Bléré (toutes deux situées en Indre-et-Loire) et de Montrichard (Loir-et-Cher).   

De notre envpyée spéciale

Loan Tranthimy