Reçu pendant deux heures lundi matin par Marisol Touraine, le « Front généraliste », un collectif constitué pour la revalorisation de la médecine générale sous tous ses aspects, qui réunit des syndicats de médecins libéraux (MG France, FMF), remplaçants et nouveaux installés (REAGJIR, SNJMG), généralistes enseignants (CNGE, SNEMG) et gestionnaires des centres de santé, accompagné des étudiants en médecine (ANEMF), n’a pas été convaincu par son entretien avec la ministre de la Santé.
Au contraire, la déception est très forte. « Sur l’essentiel, à savoir les moyens de la médecine générale, les choses n’ont pas bougé d’un poil », analyse le Dr Claude Leicher, président de MG France, joint par « le Quotidien ».
« Ça manque totalement de souffle, on a l’impression que Marisol Touraine ne mesure pas le mécontentement réel de la profession », abonde le Dr Claude Bronner, chef de file des généralistes de la FMF. « Elle nous a fait clairement comprendre que c’est d’abord une loi pour les patients, pas pour les médecins », ajoute-t-il.
Une réflexion sur la place de la médecine générale
« L’ambiance était sympathique mais concrètement, il n’y a pas de colonne vertébrale, on ne voit toujours pas la place du médecin traitant dans le système de santé, rien de nouveau sous le soleil », relève Pierre-Antoine Moinard, président de l’ISNAR-IMG (internes de médecine générale).
Seul point positif : la ministre de la Santé a indiqué à ses interlocuteurs qu’elle annoncerait dès la semaine prochaine un groupe de travail spécifique sur la place de la médecine générale. « Au moins, elle reconnaît qu’il y a un problème », veut croire le Dr Leicher qui n’a pas l’intention d’en rester là.
Ce groupe « médecine générale » s’ajoute aux ateliers autour du projet de loi de santé déjà annoncés aux syndicats fin décembre sur trois thématiques : tiers payant, organisation territoriale des soins de proximité (rôle des ARS) et compétences des médecins. Les médecins ont exigé que ces groupes de travail soient copilotés par un médecin.
Matignon sollicité
Las d’attendre, le président de MG France entend solliciter dès maintenant un arbitrage de Manuel Valls sur le « soutien à la filière universitaire et le nombre d’enseignants de médecine générale » mais surtout sur les moyens financiers accordés à la médecine générale et aux soins de proximité. « Avec la consultation à 25 euros, nous réclamons seulement l’égalité de traitement vis-à-vis des autres spécialités », souligne-t-il.
Pour l’instant, le ministère de la Santé fait la sourde oreille sur le C et renvoie toujours aux autres leviers de revalorisation (forfaits, rémunération sur objectifs de santé publique). « C’est circulez il n’y a rien à voir », confirme le Dr Bronner. Pas question dans ces conditions de lever le pied sur la grève administrative qui pourrait même se durcir dans les prochains jours.
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