En célébrant en ce mois de février l’élimination de la poliomyélite en Inde, la directrice de l’OMS Margaret Chan a évoqué un succès « homérique » qui doit qui doit être une source d’inspiration pour tous les pays. Un pas a été franchi vers l’éradication du virus mais le combat est loin d’être terminé comme en témoignent les résistances à la vaccination notamment au Pakistan. En Europe, la vigilance reste de mise.
L’éradication de la poliomyélite en Inde annoncée le 13 janvier 2014 et célébrée en ce mois de février a suscité la satisfaction générale. En janvier 2011, le pays connaissait son dernier cas de polio. C’était il y a plus de trois ans : la durée minimum demandée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour certifier une région exempte de polio. Maintenant que la chaîne de transmission du virus a été brisée dans le pays, il s’agit de ne pas baisser la garde pour ne pas voir la maladie revenir à grands pas. Avec trois pays, l’Afghanistan, le Pakistan et le Nigeria, où la maladie est encore endémique, un retour du virus est toujours possible.
D’autant plus qu’une récente étude de l’OMS localise « le réservoir mondial de la polio » au nord du Pakistan, pays avec lequel l’Inde partage une frontière de 3 000 kilomètres.
Près de 40 000 sites sous surveillance
Pour prévenir une importation du virus, New Delhi veille à maintenir une forte vaccination de sa population, ainsi qu’un système de surveillance efficace pour détecter rapidement le retour de la maladie le cas échéant. Mais avec une population de plus de 1,2 milliard d’habitants vivant dans des conditions sanitaires précaires, ces mesures tournent vite aux défis logistiques.
Le Dr Menabde, représentante de l’OMS en Inde, explique que « le système de surveillance de la polio en Inde est actuellement bien plus développé que le niveau officiellement demandé ». Ce système de surveillance vise à contrôler les cas de paralysie flasque aiguë détectés dans le pays.
Pour cela, 39 000 sites de surveillance ont été retenus. « Ce ne sont pas seulement les centres de soins gouvernementaux mais aussi les cliniques privées, les soignants traditionnels, les temples... car dans certaines parties de l’Inde si un enfant est paralysé, il sera en premier emmené dans un temple », détaille le Dr Bahl, qui travaille au sein du programme indien d’éradication de la polio depuis ses débuts. « Lorsqu’un cas de paralysie est signalé par l’un de ces sites, un Officier de surveillance médicale se rend chez le malade pour l’ausculter. Des échantillons sont prélevés et analysés. » Ce maillage du territoire mène au signalement annuel de 60 000 cas de paralysie flasque aiguë. Pour le Dr Bahl, « c’est grâce à ce système que l’on sait qu’il n’y a plus de cas de polio sauvage en Inde ».
S’ajoute à cela une surveillance environnementale. Dans cinq des principales villes du pays, l’eau des égouts est analysée pour y détecter les traces du virus. Ces recherches se sont jusqu’à présent avérées négatives.
Campagnes massives de vaccination
Un haut niveau d’immunisation doit également être maintenu au sein de la population. Cela passe par de massives campagnes de vaccination. Les immunisations de routine, où les enfants sont amenés par leur famille dans un centre de soins, s’étant révélées insuffisantes, des vaccinations au porte-à-porte sont effectuées. Régulièrement, des équipes de vaccinateurs sillonnent venelles des bidonvilles et villages reculés, ou encore sont postées dans les gares pour ne pas oublier des enfants en déplacement.
L’Inde utilise actuellement un vaccin oral contenant une forme atténuée du virus. Des cas de polio due à des virus dérivés d’une souche vaccinale sont ponctuellement rapportés, témoignant du faible niveau d’immunisation de certaines parties de la population. Le passage au vaccin inactivé et injectable prévu pour 2015 est nécessaire, mais ne sera pas chose facile. « Cela représente un énorme investissement pour l’Inde. Nous faisons face à un problème de capacité physique pour ce vaccin. Comment en obtenir de bonne qualité, à un prix correct, en travaillant avec la production locale ? », s’interroge la représentante de l’OMS. De plus, l’administration du vaccin injectable nécessite des compétences particulières, que n’ont pas la plupart des vaccinateurs actuels.
L’Inde a bien gagné la bataille, mais comme le résume le docteur Menabde, « il va falloir mener avec précaution cette fin de partie ».
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