Transports paralysés, services publics au ralenti, longues marches sous la pluie pour se rendre au bureau... Les grèves de 1995 ont marqué la mémoire des Français. Pour les médecins, ce souvenir se double d’un autre : la lutte contre la maîtrise médicalisée des dépenses d’assurance maladie.
Certains l’ont peut-être oublié, mais le plan Juppé, qui a inventé l’Ondam (objectif national des dépenses d’assurance maladie), prévoyait que ce dernier serait opposable aux médecins : en cas de dépassements, les praticiens devaient rembourser les sommes excédentaires. « Cela a été un choc », se souvient le Dr Richard Bouton.
Face au gouvernement, les syndicats adoptent des stratégies opposées. Chez MG France, on est persuadé que les généralistes peuvent tenir l’Ondam. On s’engage donc dans la voie de la négociation. Les autres organisations syndicales refusent le dialogue. « Cela a donné lieu à des manifestations de rue extrêmement violentes », explique le Dr Michel Chassang, alors à la tête de l’UNOF.
[]L’Ondam opposable aura vécu
Dans un premier temps, le gouvernement semble avoir gain de cause : un décret de décembre 1996 précise effectivement les modalités de reversement des excédents, et de nouvelles conventions sont signées en 1997. Mais le dispositif est progressivement détricoté. Rapidement remplacé par les lettre-clés flottantes, l’Ondam opposable n’aura finalement été appliqué que pendant une année.
Comme l’explique le professeur de sciences politiques Patrick Hassenteufel, ce conflit, bien que mal engagé pour les médecins libéraux, a donc finalement confirmé ce qu’il appelle leur « rôle "d’acteurs-véto"* ».
* Patrick Hassenteufel, « Les médecins contre le plan Juppé : Une mobilisation dans la durée », dans « Les Tribunes de la Santé » n°46 (printemps 2015)
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