Entre mars et mai 1983, les CHU ont été paralysés par la plus longue grève qu’ait connue le monde hospitalier français. Six semaines de conflit au cours desquelles les internes et chefs de clinique assistants ont bataillé ferme contre les propositions du ministre de la santé de l’époque, Jacques Ralite : ils voyaient dans celles-ci la fin du statut de l’interne et des menaces sur les perspectives d’installation.
« On sentait qu’on remettait en cause l’essence de l’internat », se souvient le Dr Philippe Denormandie, qui dirigeait alors l’ISNIH. Les jeunes blouses blanches lancent alors un mouvement d’une ampleur inédite : « Il y avait 95 % de grévistes, et toutes les villes de fac étaient touchées », précise celui qui est aujourd’hui directeur général adjoint du groupe Korian.
Une guerre de communication
De ce conflit, Philippe Denormandie tire plusieurs enseignements. « Cela a été une école en matière de communication et de négociation », analyse-t-il. A mi-chemin de la mobilisation en effet, constatant qu’ils n’arrivaient pas à faire passer leur message, les grévistes ont fait appel à un cabinet professionnel pour simplifier les messages et les faire passer auprès des médias et du grand public.
[]Le résultat ne s’est pas fait attendre : voyant que les internes bénéficiaient soudain d’un certain soutien dans la population, le gouvernement a fini par céder sur de nombreux points. Une victoire collective, mais aussi un tremplin pour bien des destins individuels : « Parmi les responsables syndicaux de l’époque, nombreux sont ceux qui sont aux responsabilités aujourd’hui », constate Philippe Denormandie.
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