Interrompu en raison de la crise sanitaire, le procès-fleuve du scandale sanitaire du Mediator a repris ce mardi 2 juin. Le tribunal correctionnel de Paris doit encore poursuivre une vingtaine de journées d’audition avant les plaidoiries des parties civiles et de la défense et les réquisitions du parquet jusqu'au 6 juillet, date prévue pour la fin de ce procès. Selon la présidente du tribunal, Sylvie Daunis, le jugement sera rendu « en 2021 ».
Au cœur des débats, le médicament (benfluorex) commercialisé par les laboratoires Servier, présenté comme un antidiabétique mais prescrit hors AMM à cinq millions de personnes, parfois comme coupe-faim. Il est tenu pour responsable de graves valvulopathies et d’hypertensions artérielles pulmonaires, une pathologie rare et mortelle.
Quelque 2 600 victimes se sont constituées en partie civile. Sur le banc des accusés, douze personnes physiques et onze personnes morales dont les laboratoires Servier et leurs diverses sociétés mais aussi l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, ex-AFSSAPS).
Excuses
Accusé d'avoir sciemment dissimulé les propriétés anorexigènes et les dangereux effets secondaires du Mediator, le groupe pharmaceutique est poursuivi pour « tromperie aggravée », « escroquerie » et « homicides et blessures involontaires ». Entendu par le tribunal, il s'en est inlassablement défendu, mettant en avant « l'absence de signal de risque identifié avant 2009 ». À la barre, l'ex-numéro 2 de la firme, Jean-Philippe Seta, avait présenté ses « excuses » aux victimes, invoquant des « erreurs d'évaluation », mais en rejetant toute faute intentionnelle. De son côté, l'ANSM a dit assumer « sa part de responsabilité » dans le drame sanitaire, et ne plaidera pas la relaxe.
Avant l‘interruption du procès, le tribunal a pu auditionner des nombreuses victimes, des témoins clés et des lanceurs d’alerte comme la pneumologue brestoise Irène Frachon et le Dr Georges Chiche, cardiologue à Marseille, ou l’ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand.
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