Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) s'élève contre la sur-prescription de benzodiazépines et apparentés, et émet ses recommandations. « Les benzodiazépines (BZD) et apparentés sont indiqués dans les troubles anxieux et les troubles du sommeil pour une durée limitée. La balance bénéfice/risque n’est pas favorable en cas d’utilisation régulière de plus de 3 mois », rappelle le collège dans un communiqué. Et de préciser qu'une utilisation prolongée au-delà de ces délais peut induire une augmentation des accidents de la voie publique, du risque de chutes, addiction et toxicomanie, détournement d’usage, soumission chimique, syndromes de sevrage et troubles cognitifs.
Commencer par limiter la prescription initiale
Le CNGE recommande en premier lieu, pour réduire cette sur-prescription, de limiter d’emblée la prescription initiale des BZD et apparentés arguant que, depuis 2005, la HAS atteste de la « nécessité d’une adaptation des conditions d’exercice des soignants de première ligne, dans le but de développer des alternatives aux traitements pharmacologiques ».
De nombreuses thérapeutiques non médicamenteuses sont en effet validées, notamment dans la prise en charge des troubles du sommeil : restriction de sommeil, contrôle de stimulus, relaxation musculaire, thérapies cognitivo-comportementales. Leur faible disponibilité, la nécessité d’être formé ou leur coût sont des limites à leur prescription. Il existe aussi des preuves d’efficacité pour des traitements alternatifs, comme le suivi à distance : téléphone, Internet, ou apport d’un gestionnaire de soins.
Prendre en charge l'arrêt du traitement
Le CNGE insiste aussi sur l'instauration d'une prise en charge de l’arrêt des BZD. Les stratégies combinées (psychothérapie, intervention pharmacologique, suivi coordonné) ont démontré un effet sur le sevrage, relève le communiqué ajoutant qu'« il faut traiter 3 patients pour obtenir une réduction de consommation chez l’un d’entre eux. Cette réduction persiste à moyen terme pour 2 patients traités et semble se maintenir à 3 ans (1) ». Le collège souligne, étude à l'appui, qu'en soins primaires, des mesures d’intervention brève (consultation dédiée, remise d’une lettre au patient) ont également montré leur efficacité sur le sevrage.
Pour finir, le CNGE recommande de privilégier les alternatives non-médicamenteuses aux BZD et d’aider à leur sevrage. Pour ce faire, les axes à privilégier sont, selon lui, la valorisation de ces procédures, l’amélioration de l’organisation et de la coordination du système de santé, la sensibilisation des patients et la formation des professionnels.
(1) Gould RL, Coulson MC, Patei N, Highton-Williamson E, Howard RJ. Interventions for reducing benzodiazepine use in older people : meta-analysis of randomised controlled trials. Br J Psychiatry 2014;204:98-107.
(2) Mugunthan K, McGuire T, Glasziou P. Minimal interventions to decrease long-term use of benzodiazepines in primary care : a systematic review and meta-analysis. Br J Gen Pract 2011; Doi 10.3399/bjgp11X593857
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