EN PLEINE tempête Mediator, le poste est exposé. Peu enviable, diront certains. L’Élysée le confiait le mois dernier : les candidats ne se bousculent pas au portillon pour remplacer Jean Marimbert à la direction générale de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). L’exécutif recherchait un profil irréprochable, « plus blanc que blanc ». Le mouton à cinq pattes. « Tous ceux qui ont les compétences requises ont eu des liens avec l’industrie un jour dans leur carrière », pondère un PU-PH de haut vol.
Cet homme, le ministre de la Santé pense l’avoir trouvé, en la personne de Dominique Maraninchi. Le directeur de l’Institut national du cancer (INCA) aurait laissé entendre que la fonction l’intéresse. Il devra être auditionné par le Parlement, comme l’a demandé Xavier Bertrand, avant d’être nommé en Conseil des ministres.
La première réaction exprimée par tous, c’est donc la surprise. « On s’attendait plus à un grand commis de l’État », remarque le Pr Michel Marty, directeur du centre des innovations thérapeutiques en oncologie et hématologie, à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). Mais le choix ne lui paraît pas saugrenu pour autant. « Le Pr Maraninchi a piloté l’INCA de façon sûre, développe Michel Marty. Il a une vision institutionnelle du fonctionnement des agences d’État. Il est à même de piloter l’AFSSAPS ». Ceux qui l’ont côtoyé soulignent ses compétences étendues. Ainsi du Pr Laurent Degos, ancien président de la HAS : « C’est un grand expert et un grand conciliateur, qui sait aussi bien parler aux professionnels, aux patients et aux dirigeants ».
Le Pr Maraninchi ne souhaite pas réagir tant que sa nomination n’est pas officielle. En 2006 déjà, sa nomination à la tête de l’INCA, dont le fonctionnement avait été vivement critiqué par la Cour des comptes, avait été perçue comme très politique. Pour la deuxième fois de sa carrière, il s’apprête à prendre les rênes d’une agence d’État dans la tourmente, pour y faire le ménage. « Sa nomination est une très bonne nouvelle pour l’AFSSAPS, estime le Pr Josy Reiffers, président de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer. Il connaît les arcanes et il a le profil. À l’INCA, il a été très actif. Il a exécuté le premier plan cancer, coinventé le second, participé activement à l’amélioration de la qualité des soins ». Quid de ses relations avec l’industrie ? « Que je sache, ce sont des liens de partenariat habituel, note Josy Reiffers. Dominique Maraninchi est irréprochable. Il n’y a pas de conflit d’intérêt s’il va à l’AFSSAPS ».
Rigueur.
L’un des proches collaborateurs du Pr Maraninchi, qui fut son interne et son assistant, pense qu’il est l’homme de la situation. « Dominique Maraninchi a une intégrité insoupçonnable, déclare le Pr Patrice Viens, directeur du centre régional de lutte contre le cancer en PACA. À l’INCA, il a amené de la transparence, de la rigueur. Il a su être clair, et cesser toute consultation depuis sa nomination en 2006. Lorsqu’il prend un poste, c’est pour faire, pas pour être. Il aura certainement une influence sur la politique du médicament, notamment sur les critères de mise sur le marché et sur la surveillance ». « Il lui faudra définir les responsabilités de chacun - qui fait quoi, et comment - de façon transparente », complète Josy Reiffers.
En particulier, le nouveau patron de l’AFSSAPS devra restaurer la confiance des Français vis-à-vis de la chaîne de pharmacovigilance. Pourquoi confier cette mission à un cancérologue, et non à un pharmacologue ou un expert en santé publique ? D’aucuns considèrent que l’approche du médicament est différente en oncologie où le praticien est confronté en permanence à la mort. Pour Michel Marty, l’ancien élève du Pr Maraninchi, cela n’a rien d’un handicap. « C’est vrai que les cancérologues jouent avec des molécules potentiellement mortelles, et que mêmes les thérapeutiques ciblées ont des effets secondaires non négligeables, dit-il. Mais notre métier, c’est de guérir les gens, pas de les tuer. Nous avons l’habitude de nous méfier du médicament. Ce qui compte pour diriger l’AFSSAPS, c’est le sens du management et du service public. Deux qualités du Pr Maraninchi ».
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