Médecins et pharmaciens pourraient-ils faire plus pour renforcer le suivi thérapeutique ? Auteurs d'une large enquête, le Cercle de réflexion de l'industrie pharmaceutique (CRIP) et Quintiles IMS, fournisseur de solutions connectées pour améliorer la prise en charge des patients, proposent de créer un indicateur consacré à l'observance médicamenteuse dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des médecins et des pharmaciens.
Leur enquête, qui a ciblé pendant 12 mois 39 000 asthmatiques, 370 000 hypertendus, et 580 000 personnes souffrant de diabète de type II, bouscule un certain nombre d'idées reçues. Elle révèle notamment que commencer un traitement n'est pas un gage de bonne observance. Pour l'asthme, pathologie considérée à tort comme peu dangereuse, le taux des patients naïfs, qui démarrent leur traitement et le suivent à la lettre, s'est élevé à 10,4 %. Cette part grimpe à 28 % pour les patients persistants (déjà traités depuis un moment). Même tendance pour les diabétiques : les usagers naïfs ont eu un taux d'observance de 52 %, les persistants de 62,5 %. Quant aux hypertendus, les patients nouvellement traités ont obtenu un taux de 59 % et ceux qui l'étaient depuis plus longtemps 81 %.
D'autres critères peuvent expliquer la faible observance, le fait d'avoir connu des modifications ou des additions de traitement, de changer fréquemment de pharmacie, ou encore d'être une femme. A contrario, avoir déjà une certaine ancienneté dans le traitement, consulter régulièrement à son sujet, bénéficier d'une prise en charge à 100 % ou être polymédiqué semble être un gage de meilleur suivi thérapeutique.
Encourager l'éducation thérapeutique
L'économiste de la santé Claude Le Pen a insisté sur le fait que les préconisations ne devaient être ni stigmatisantes ni culpabilisantes, que ce soit à l'égard du patient ou de son praticien. Des efforts de pédagogie sont en revanche nécessaires. Le CRIP et Quintiles IMS suggèrent de financer des programmes d'éducation thérapeutique des patients et de concevoir un guide d'aide à l'observance à l'attention des professionnels de santé.
Ils proposent donc, aussi et surtout, d'ajouter à la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) un nouvel indicateur qui établirait le taux moyen d'observance des ordonnances pour les praticiens les ayant rédigées, et pour les pharmaciens qui ont dispensé les médicaments. Reste à savoir comment calculer ce taux. Pour mener cette enquête, 7 300 pharmacies ont été mobilisées afin d'analyser de façon anonymisée le ratio entre les prescriptions des près d'un million de patients étudiés et les achats réellement effectués. Généraliser cette méthode à l'ensemble des patients ne serait pas une mince affaire.
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