Trois médecins reconnus ont recommandé, dans une tribune publiée dimanche soir (5 avril) sur le « Figaro », d'appliquer le traitement élaboré par le Pr Didier Raoult, qui prône l'usage de l'hydroxychloroquine associé à un antibiotique dès l'apparition des premiers symptômes du coronavirus.
Elle est signée de l’ancien directeur scientifique de l’Institut national du cancer Fabien Calvo, l’ancien président de la Haute Autorité de santé Jean-Luc Harousseau et l’ancien directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Dominique Maraninchi.
Ce texte est publié alors qu'une pétition (baptisée #NePerdonsPlusDeTemps) lancée vendredi 3 avril par l'ex-ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, demande d'assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine. Lundi, elle avait recueilli près de 240 000 signatures (*).
Les auteurs de cette tribune reconnaissent qu’en l’absence de « randomisation », les études du Pr Raoult n’ont pas fait la preuve de « l’amélioration du pronostic par rapport à un traitement symptomatique ». Mais ils avancent plusieurs arguments en sa faveur.
Diminution très rapide de la charge virale
« Dans toutes les maladies virales qui entraînent des détresses respiratoires, la persistance du virus devient peu importante dans l’évolution de la détresse respiratoire lorsque la barrière pulmonaire est atteinte, en raison de complications inflammatoires majeures, rappellent-ils. À ce stade, seule la réanimation permet de passer le cap de la reconstitution des tissus lésés. » Dans ce contexte, ils recommandent d’appliquer « un traitement précoce avant la survenue de complications respiratoires sévères ».
Le traitement du Pr Raoult, dont le point fort selon eux, est « une diminution très rapide de la charge virale avec négativation des recherches virologiques dans plus de 90 % des cas en moins de huit jours » permettrait « d’éviter l’aggravation et en particulier le transfert en réanimation ». « Une proposition de soins élargie au traitement du Pr Raoult doit être avancée alors que les services de réanimation sont surchargés », plaident les auteurs en proposant également un élargissement des tests diagnostiques à tous les patients suspects.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a quant à lui de nouveau appelé samedi à ne pas brûler les étapes, dans un entretien au média en ligne Brut, et a souligné qu'on connaîtrait dans les prochains jours les premiers résultats intermédiaires d'études cliniques, qui visent à déterminer si la chloroquine mais aussi « d'autres médicaments prometteurs » sont efficaces quand ils sont pris dès le début de la maladie.
Chloroquine, Didier Raoult, l'appel de Philippe Douste-Blazy : le ministre de la Santé @olivierveran répond à Brut. pic.twitter.com/YLHDvpSu04
— Brut FR (@brutofficiel) April 4, 2020
(*) Plusieurs personnalités ont cosigné le texte de cette pétition aux côtés de Philippe Douste-Blazy : Pr Christian Perronne (Chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches), Dr Michèle Barzach (ancienne ministre de la Santé), Pr Isabelle Bourgault Villada (professeur de dermatologie à l’hôpital Ambroise Paré), Pr François Bricaire (ancien Chef du service de maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Membre de l’Académie de Médecine), Pr Marc Gentilini (professeur de parasitologie, de santé publique et de clinique des maladies infectieuses, Membre de l’Académie de Médecine), Pr Olivier Goulet (Professeur de pédiatrie de l’hôpital Necker), Pr Jacques Marescaux (Président Fondateur de l’IRCAD, membre de l’Académie de Médecine), Pr Catherine Neuwirth (professeur de microbiologie au CHU de Dijon), Dr Patrick Pelloux (président de l’Association des médecins urgentistes de France), Pr Paul Trouillas (professeur de neurologie au CHU de Lyon), Dr Martine Wonner (psychiatre, députée LREM du Bas Rhin).
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