Les années passent mais les entreprises du médicament (LEEM) se sentent toujours mal aimées. Pour ses derniers vœux à la presse en tant que patron du syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique, le Dr Patrick Errard n'a pas mâché ses mots.
Malgré les espoirs suscités par les propos du candidat Macron (réindustrialisation du pays, priorité à l'innovation, rayonnement de la France), les actes n'ont pour l'instant pas suivi, huit mois après l'élection présidentielle, déplore le LEEM.
En quête d'attractivité
Pire, les signaux négatifs se sont multipliés à l'encontre des industriels : contribution record prélevée sur l'industrie du médicament via la loi de financement de la Sécurité sociale (1,8 milliard d'euros d'économies, soit 140 millions d'euros de plus par rapport à 2017) ; durcissement des règles des Autorisations temporaires d'utilisation (ATU) ; maintien de mécanismes de régulation jugés illisibles (entente préalable, liste en sus…) ; environnement des essais cliniques toujours plus complexe…
Conséquence : la France serait en perte de vitesse « en termes de promotion de l’innovation et d’attractivité industrielle ». Le LEEM alerte surtout sur la dégradation des conditions d'accès aux médicaments innovants dans notre pays. « 530 jours, c'est la durée médiane d'accès aux médicaments qui ne font pas l'objet d'une autorisation temporaire d'utilisation, c'est un an de plus que l'Allemagne ou le Royaume-Uni », se désole Patrick Errard, président du LEEM.
Pour les médicaments ayant bénéficié d'une ATU, ce délai tombe à 210 jours avant l'autorisation de mise sur le marché (AMM). « Mais ils ne le sont que pour seulement 10 % de la population cible alors qu'on demande que cela puisse se faire pour 100 % des patients », ajoute-il.
Un PLFSS de rupture
L'inquiétude du LEEM sur le décrochage tricolore n'est « pas irrémédiable », nuance Patrick Errard. Le gastro-entérologue rappelle que plusieurs rendez-vous ne devront pas être manqués en 2018 : la relance des travaux du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), le prochain budget de la Sécu (PLFSS 2019) et le renouvellement de l'accord-cadre avec le comité économique des produits de santé (CEPS). « Il faudra un PLFSS de rupture qui s’inscrive cette fois dans le temps long et facilite l’accès précoce des patients aux traitements les plus innovants et les plus efficaces », indique le président du LEEM.
En signe d'ouverture, le patron du LEEM reconnaît que des signaux « faibles mais bien réels » ont été adressés récemment par l'Exécutif comme la fin de la sur-transposition des directives européennes et le lancement de la réforme de l’évaluation médico-économique des médicaments à travers le chantier de la valeur thérapeutique relative (VTR).
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