LES PREMIERS ESSAIS de contrôle hormonal de la contraception ont été entrepris en Allemagne dans les années 1920 par Ludwig Haberlandt, qui parvient par la transplantation d’ovaires de lapines gravides sur des lapines non gravides à freiner l’ovulation chez ces dernières. La progestérone sera isolée à partir d’ovaires de truies plus d’une décennie plus tard et son rôle dans l’inhibition du développement folliculaire démontré. Dès les années 1940, sa synthèse à partir de diosgénine, présente en grande quantité dans les ignames sauvages, une plante mexicaine, est réalisée et, en 1944, Jackie R. Bickenbach et Paulikovics parviennent à bloquer l’ovulation en injectant quotidiennement à une femme une dose de 20 mg de progestérone. La première molécule progestative active par voie orale sera mise au point en 1951.
L’impulsion décisive sera donnée aux États-Unis par deux féministes, Margaret Higgins Sanger, infirmière dans les maternités des quartiers pauvres de New York, fondatrice de la Ligue pour le contrôle des naissances, futur planning familial américain, et Katherin Dexter Mc Cormick, riche militante prête à consacrer sa fortune à la recherche « d’un contraceptif idéal ». Les deux femmes réussissent à convaincre le Dr Gregory Pincus de travailler à sa mise au point.
Pincus et Chang.
Grâce aux deux millions de dollars récoltés notamment auprès des groupes féministes, les travaux chez l’animal sont très vite concluants et les premiers essais cliniques peuvent être menés. Les Dr Gregory Pincus, Min Chuh Chang et John Rock, gynécologue à Harvard, peuvent démontrer chez 250 femmes d’une banlieue pauvre de Porto-Rico que l’administration de petites doses d’estrogènes et de progestérone sont capables de prévenir une grossesse. En 1956, les laboratoires Searle commercialisent la molécule sous le nom d’Enovid, contenant du noréthinodrel, progestatif de synthèse, en association avec du mestranol, un estrogène. La pilule sera autorisée à la vente aux États-Unis en 1957 mais seulement pour le traitement des troubles hormonaux. Il faudra attendre le 9 mai 1960 pour que la FDA autorise sa mise sur le marché comme contraceptif oral.
En France, où la Fondation pour la maternité heureuse future planning familial a vu le jour en 1955, l’arrivée en 1961 sur le marché d’Enovid, avec des indications limitées aux troubles hormonaux, attise le débat sur l’utilisation de ce type de molécules à des fins contraceptives. Après des débats passionnés, la loi Neuwirth sera votée en décembre 1967, abrogeant la loi du 31 juillet 1920 qui interdisait toute divulgation de procédés anticonceptionnels. En dépit de la loi et du fait de controverses quant à l’innocuité des contraceptifs, les premières autorisations ne seront délivrées qu’en 1973.
En dépit de ce retard, la pilule sera très vite adoptée par les femmes françaises. Sous couvert d’autres indications thérapeutiques, près de 5 millions de plaquettes seront vendus en 1968, soit 384 000 utilisatrices, 8 millions en 1970, soit plus de 600 000 utilisatrices, et en 1974, elles seront 2 millions à l’utiliser. Aujourd’hui, 43,8 % des femmes l’utilisent, soit 60 % des femmes en âge de procréer.
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