OMD ou Objectifs du millénaire pour le développement. Le 8 septembre 2000, à l’issue de l’Assemblée mondiale de l’ONU, les États membres adoptaient une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à combattre la pauvreté dans le monde. Huit objectifs avaient alors été identifiés, dont trois spécifiques au domaine de la santé, et leur réalisation fixée à 2015. Dix ans plus tard, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, dans un rapport préparatoire au Sommet qui s’ouvre aujourd’hui à New York, peut encore déclarer : « Le monde possède les ressources et les connaissances nécessaires pour donner, même aux pays les plus pauvres ou à ceux qui restent à la traîne à cause de maladies, de leur isolement géographique ou de troubles civils, les moyens d’atteindre les OMD. » Et d’ajouter : « Tenons nos promesses. »
C’est ce défi que devront relever les participants au Sommet. « Si l’on ne met pas un grand coup, la plupart des régions n’atteindront pas un certain nombre de cibles OMD. Des obstacles anciens ou nouveaux menacent de ralentir encore les progrès dans certains domaines, voire d’en réduire certains à néant », souligne d’ailleurs SHA Zukang, secrétaire général adjoint aux Affaires économiques et sociales de l’ONU, dans ce même rapport.
° Santé maternelle.
Parmi les sujets de préoccupations, la santé maternelle est l’un des domaines où l’écart est le plus flagrant. Le nombre de femmes qui meurent de complications de la grossesse et de l’accouchement a diminué de 34 %, avec, selon les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 546 000 décès en 1990 à 358 000 en 2008. « Les progrès sont remarquables, mais le taux annuel de diminution est inférieur de plus de moitié à celui qui serait nécessaire pour atteindre la cible de l’objectif consistant à réduire le taux de mortalité maternelle de 75 % entre 1990 et 2015 », souligne l’organisation. La diminution annuelle devrait être de 5,5 % au lieu des 2,3 % actuels.
Quatre causes principales de mortalité sont le plus souvent retrouvées : les hémorragies du post-partum, les infections, l’hypertension gravidique et les avortements à risque. En 2008, près de 1 000 femmes sont mortes chaque jour du fait d’une de ces complications, 570 d’entre elles en Afrique subsaharienne, 300 en Asie du Sud et 5 dans des pays à revenu élevé. Le risque pour une femme d’un pays en développement de mourir d’une cause liée à la grossesse est près de 36 fois supérieur à celui que court une femme vivant dans un pays développé. « Les décès maternels sont à la fois une conséquence et une cause de la pauvreté. Le coût d’une naissance peut rapidement épuiser le revenu d’une famille, la plaçant ainsi en plus en grande difficulté financière », explique, pour sa part, le vice-président chargé du développement humain à la Banque mondiale, Tamar Manuelyan Atinc.
° Menaces sur la vaccination.
La mortalité infantile est en baisse mais « beaucoup de pays ont encore un taux scandaleusement élevé de mortalité infantile et ils n’ont fait que peu ou pas de progrès au cours des dernières années », estime le rapport préparatoire de l’ONU. Une situation jugée d’autant plus scandaleuse que la plupart de ces décès sont dus à des affections soit évitables, soit accessibles à un traitement. Globalement, le nombre total de décès d’enfants de moins de 5 ans est passé de 12,5 millions en 1990 à 8,8 millions en 2008, soit, chaque jour, 10 000 décès de moins qu’en 1990. Depuis 1990, le taux de mortalité des moins de 5 ans dans les pays en développement a baissé de 28 %, passant de 100 décès pour 1 000 naissances vivantes à 72 en 2008. Les progrès se sont accélérés après l’an 2000 avec un taux annuel moyen de décroissance de 2,3 % pour la période 2000-2008, contre 1,4 % dans les années 1990. Quatre maladies : la pneumonie, la diarrhée, le paludisme et le sida, expliquent 43 % de tous les décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde survenus en 2008. La majorité de ces vies auraient pu être sauvées avec des mesures de prévention et de traitement peu coûteuses, en particulier des antibiotiques pour les infections respiratoires aiguës, la réhydratation orale pour la diarrhée, la vaccination ainsi que l’utilisation de moustiquaires ou des traitements antipaludéens appropriés pour le paludisme.
Dans une récente étude, la Fédération de la Croix-Rouge et l’Alliance Gavi pour la vaccination mettaient en garde contre un recul des campagnes de vaccination. Dans un récent rapport, ils estiment qu’il est « de plus en plus préoccupant de constater que les acquis de la dernière décennie pourraient être perdus », citant les récentes flambées de rougeole constatées en Afrique, « où la mortalité due à cette maladie avait été réduite de 92 % entre les années 2000 et 2008 ». La situation est la même pour la poliomyélite, dont le taux d’incidence a été réduit de 99 %. « Alors que de nouveaux vaccins antipneumococciques et antirotavirus pourraient sauver plus de 1 million d’enfants chaque année, les campagnes de vaccination sont en péril par manque de financement », expliquent également les deux organismes.
° Financements.
Le financement devrait constituer l’enjeu majeur des prochaines années. La lutte contre le sida, la tuberculose ou le paludisme en dépendent. De 2003 à 2008, le nombre de personnes recevant une thérapie antirétrovirale a augmenté de façon significative, passant de 400 000 à 4 millions, soit 42 % des 8,8 millions de ceux qui auraient besoin d’un traitement contre le VIH. Le dernier rapport de l’ONUSIDA rappelle aussi que 2 millions de nouvelles infections surviennent chaque année. Dans son dernier rapport, le Partenariat Roll Back Malaria soulignait quant à lui les progrès spectaculaires mais « fragiles » accomplis (« le Quotidien » du 16 septembre) et qui, faute de moyens, pourraient être remis en cause. Les pays s’étaient engagés à attribuer 0,7 % du revenu national brut à l’aide au développement. En 2009, les seuls pays à avoir atteint ou dépassé cette cible étaient le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, mais les plus gros donateurs, en termes de volume, ont été les États-Unis, suivis par la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.
Le 21 septembre, en marge du Sommet sur les Objectifs du millénaire, les chefs d’État et de gouvernements sont invités à participer à une réunion sur les financements innovants. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, devrait avec, les représentants du Groupe pilote (60 pays), présenter une déclaration commune en faveur d’une taxe sur les transactions financières internationales destinée à financer le développement. Cette taxe de 5 centimes d’euros prélevés sur 1 000 euros échangés rapporterait plus de 30 milliards par an. Cette taxe viendrait s’ajouter aux autres mécanismes existants, comme la taxe sur les billets d’avion, qui finance l’accès à des traitements médicaux de base par l’intermédiaire d’UNITAID, et l’initiative IFFim, qui permet de lever à court terme des fonds garantis par les États pour financer des campagnes de vaccination (GAVI).
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