LES PAYS du G20 doivent se déboucher les oreilles. Les organisations non-gouvernementales Médecins du monde (MDM) et Oxfam France ont pris l’image au pied de la lettre pour provoquer les ministres et représentants des 19 plus importantes puissances économiques de la planète. « Notre message a du mal à être entendu, donc nous proposons des Coton-Tige et des consultations gratuites ! », explique Nicolas Guihard, chargé de plaidoyer à MDM. Des bénévoles en blouse blanche, un stéthoscope autour du cou, ont ainsi porté lundi 3 Coton-Tige géants vers le lieu de la conférence internationale, dans le 15e arrondissement de Paris. D’autres distribuaient des tracts imitant une ordonnance qui prescrit à Silvio Berlusconi, David Cameron, Barack Obama, Angela Merkel ou Nicolas Sarkozy des tests d’audition et des nettoyages d’oreilles.
Le message ? Mettre la couverture maladie gratuite pour les populations vulnérables au cœur des discussions entre les pays riches, qui ont tendance à faire la sourde oreille en privilégiant davantage la régulation des marchés et les équilibres macroéconomiques. « Nous souhaitons que le G20 s’engage concrètement pour l’émergence ou le renforcement d’un socle de protection sociale gratuite et ne se satisfasse plus seulement de déclarations d’intention », continue Nicolas Guihard. « Il ne faut pas sacrifier la protection sociale en santé, dont la couverture maladie gratuite pour les plus pauvres est l’un des piliers, sur l’autel de la crise », a de son côté affirmé le directeur général de MDM, Pierre Salignon. « Sans santé, pas de développement économique », a ajouté Marane N’Dour, d’Oxfam France.
Gratuité pour les femmes et les moins de 5 ans.
Les ONG demandent aux dirigeants d’être pragmatiques et de s’appuyer sur des initiatives déjà en cours, comme la mise en place de la gratuité pour la santé des femmes et des enfants de moins de 5 ans dans plusieurs pays en voie de développement (Burkina Faso, Sénégal, Mali, Haïti...). Au Niger, MDM estime que cette politique a permis, depuis 2006, de multiplier par 3 les cas de paludisme pris en charge et par 4 pour les diarrhées. Désormais, 85 % des femmes enceintes bénéficient d’un suivi de leur grossesse, contre 40 % en 2005, et les pathologies sont traitées à des stades précoces. Mais MDM souligne la nécessité de soutenir financièrement et matériellement l’effort sanitaire. Sans l’aide des pays développés, et notamment de la France, l’État, qui accuse déjà 11 milliards de francs CFA d’arriérés, ne réussira pas à rembourser les structures de soins, ce qui mettrait le système en péril.
« La gratuité des soins primaires, pour les femmes et les enfants en bas âge, est estimée à 20 millions d’euros par an dans les pays en développement : il faut une réaffectation des budgets nationaux et un soutien international », rappelle Nicolas Guihard. « Il est temps que le G20 s’intéresse aussi à la santé ». « On a l’argent mais pas les mécanismes pour le redistribuer. Il faut lier la protection sociale à la redistribution de la richesse », a conclu Armando De Negri, coordonnateur du Forum social mondial de la santé et de la sécurité.
Mais la situation préoccupante de l’emploi semble avoir dominé les premières réunions. Des analyses conjointes de l’Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE) et de l’Organisation internationale du travail (OIT), particulièrement alarmistes pour le marché du travail, devaient étayer la session de lundi.
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