Comment appréhender la tension du soin, entre science et art ? Comment saisir la transformation d'un étudiant en médecine ? Comment penser le pouvoir d'une institution sur les patients, qui risque de dépersonnaliser les patients mais qui peut aussi les resocialiser alors que la maladie exclut ? Comment ressentir le vécu subjectif de la pathologie chronique ?
L'Institut interdisciplinaire « La Personne en médecine » (Université Paris Cité) nous invite à nous plonger dans des œuvres cinématographiques pour jeter de nouvelles lumières sur le soin dans toute sa complexité. Et comprendre différemment, par l'expérience esthétique, des concepts qui irriguent la médecine. Il propose ainsi un cycle d'une quinzaine de capsules vidéos intitulé « Éthique du soin au cinéma », accessible à tous via ce lien.
Du cinéma aux humanités médicales
Conçu par la philosophe Céline Lefève, directrice de l’Institut La Personne en médecine et chercheuse au laboratoire Sphere, Jean-Michel Frodon, historien et critique de cinéma, et François Crémieux, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, membre du comité de rédaction de la revue Esprit, ce cycle prolonge les projections-discussions du ciné-club « Barberousse. Médecine et soin au cinéma » que tous trois organisent et animent depuis 2017 au cinéma Nouvel Odéon à Paris.
Dans chaque capsule, une question éthique est associée à un film. Par exemple, « Jeanne et le garçon formidable », d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau, permet d'imaginer la naissance de l'amour et du désir à l'ombre de la maladie et de la mort. « Cléo de 5 à 7 », d'Agnès Varda, rend sensible l'attente d'un diagnostic ; le devenir médecin ou infirmier.e est exploré dans « Barberousse » d'Akira Kurosawa et « De chaque instant », de Nicolas Philibert. « Elephant man » de David Lynch interroge la relation de soin, tandis que le documentaire « Titicut Follies » de Frederick Wiseman questionne l'institution psychiatrique.
À chaque fois, cinéastes, professionnel(le)s de santé, spécialistes de philosophie et de sciences humaines et sociales croisent leurs analyses pour penser un soin centré sur la personne dans toutes ses dimensions, physiques, psychiques et sociales. Sont aussi proposés des conseils de lecture en philosophie et en sciences sociales en lien avec la thématique abordée : par exemple Henri Bergson et François Jullien pour « Cléo », Ervin Goffmann et ses « Asiles » pour « Titicut », Claire Marin pour « Elephant man », Georges Canguilhem pour « Barberousse »…
Pour les étudiants en médecine, les soignants, et les cinéphiles
Ces capsules ne supposent aucun prérequis et peuvent être consultées dans n'importe quel ordre. « Je vais les utiliser dans mes enseignements de philosophie et de sciences humaines et sociales à la faculté de santé et de médecine », indique Céline Lefève, soulignant combien le cinéma peut « donner à voir des points de vue, des situations et des histoires que la médecine et les formations en santé laissent parfois hors champ ».
Le cycle peut aussi intéresser les étudiant.e.s en sciences humaines, les soignants, les usagers… et tous les cinéphiles, tant les questions du soin sont au cœur de nos vies.
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