C'est un constat simple qui a conduit à faire évoluer les technologies de surveillance de santé à distance pour les astronautes qui séjournent dans l’espace : depuis 20 ans, leur santé télésurveillée ne révélait rien d’anormal, jusqu’à ce que les médecins s’aperçoivent incidemment que 6 mois passés dans l’espace donnaient en réalité un sacré coup de vieux à leurs artères.
« Nous avons mesuré que la paroi des artères s’épaissit de 15 à 20 % au bout de six mois passés dans l’espace. Ceci équivaut à un vieillissement des organes de trente ans » explique le Pr Philippe Arbeille, de la faculté de médecine de Tours. Autre constat, un important afflux de sang au niveau de la tête et la perte d’une partie de l’acuité visuelle chez la moitié des astronautes qui séjournent dans la station spatiale internationale. « Après des simulations menées au sol, nous avons trouvé la possibilité d’un œdème au fond de l’œil et donc décidé de surveiller de près les astronautes en mission », explique le médecin.
Échographie en temps réel depuis la terre
Si les astronautes étaient jusqu’à présent formés sommairement pour réaliser eux-mêmes leur échographie depuis l’ISS (station spatiale internationale), le Pr Arbeille a mis au point il y a deux ans un système dont la sonde contient des moteurs qui permettent de l’orienter à distance. « Nous indiquons juste à l’astronaute à quel endroit il doit placer sa sonde et réalisons l’examen depuis le sol. Plus besoin non plus d’un encombrant bras robotisé. Avec cette machine qui ne pèse que 6 kg, j’ai en quelque sorte spatialisé l’appareil », décrit le Pr Arbeille. Pour compléter le tout, le CNES (centre national d'études spatiales) a mis au point une sorte de ligne internet privatisée pour faire circuler les informations médicales.
D’abord validé sur 200 patients, à distance mais sur terre, par le CHU de Tours, le dispositif vient d’être testé avec succès sur Thomas Pesquet depuis l’ISS. L’expérience s’est tenue dans les locaux du CNES à Toulouse, mais le suspense a duré deux heures suite à une rupture de connexion cette après-midi du 18 avril. Quand la liaison s’établit et que Thomas Pesquet apparaît enfin sur les écrans, les mines se détendent. Tout se déroule en anglais pour que la communauté internationale profite de l’expérience. Assis entre deux ingénieurs du CNES, le Pr Arbeille guide Thomas Pesquet dans le positionnement de la sonde, avant de prendre la main. Plusieurs sondes sont testées pour échographier la veine porte, la thyroïde et la carotide de l’astronaute.
Le programme Echo sera utilisé par plusieurs astronautes pendant 5 ans dans le cadre de l’expérience Vascular Echo de l’agence spatiale canadienne. « Pour chaque mission dans l’espace, un astronaute passera trois sessions de surveillance », décrit le médecin. Sur terre, le dispositif a déjà été testé avec succès par des généralistes installés en zone isolée, mais cet acte de télé-échograhie, non coté par la sécurité sociale, peine pour l’heure à se déployer sur le territoire.
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