C'est ce qui s'appelle « réévaluer » sa position. Réunis en assemblée générale le samedi 6 janvier, les quelque 90 cadres du SML ont voté à 91,6 % l'adhésion à la convention qui régit l'organisation de la médecine libérale jusqu'en 2021. Une séance officielle de signature est programmée aujourd'hui même au siège de la CNAM.
Ce changement de cap est en réalité loin d'être une surprise. À deux reprises déjà (en décembre 2016 puis en septembre 2017), le SML, sous l'impulsion de son président, avait soumis cette éventualité d'adhésion à ses troupes.
Lors de la dernière AG, le résultat du vote était extrêmement serré (50 % « pile poil », nous avait-on assuré) et décision avait été prise d'organiser une nouvelle assemblée générale. « Il manquait une voix pour faire basculer le vote », confie le Dr Philippe Vermesch, patron du SML. « Cette assemblée générale était sans doute prématurée. Le débat avait été plombé par l'article de la loi Sécu autorisant le directeur général de l'assurance-maladie à modifier de façon unilatérale les tarifs de radiologie. Les radiologues étaient furieux ».
Des différends mais une dynamique
Pourquoi sauter le pas maintenant et rejoindre les trois syndicats déjà signataires – FMF, MG-France et le BLOC ? Le SML fait le constat qu'un « nombre important des revendications et propositions » de son projet ont été reprises par l'exécutif, en particulier dans le plan de lutte contre les déserts médicaux (qui mise sur les incitations), la stratégie nationale de santé (centrée sur la prévention, axe essentiel pour le SML) et la loi Sécu 2018, autant de gestes jugés « significatifs ». « Sans minorer les différends qui subsistent, le syndicat a estimé que la voie était ouverte pour renouer une dynamique de travail positive », explique-t-on.
Mais pour le Dr Vermesch, c'est surtout le dossier sensible de la compensation de la hausse de la CSG, examiné dès le 18 janvier dans le cadre de négociations conventionnelles, qui a fait pencher la balance. Le SML voulait prendre une part active aux futurs arbitrages. « La FMF et MG France ont commencé à négocier avec l'assurance-maladie sur la compensation de la hausse de la CSG. Nous ne pouvions pas être en dehors de ces discussions qui vont peser sur les médecins ! Nous exigeons des compensations à l'euro près », décrypte le stomatologue de Saint-Raphaël.
L'autre chantier conventionnel majeur est la tarification de la télémédecine, également à l'ordre du jour de la séance du 18 janvier à la CNAM. « Il n'est pas question que la télémédecine se fasse en dehors du médecin traitant. Le SML exige des tarifs de consultation ainsi que des forfaits structure pour permettre aux médecins de s'équiper », avance déjà le Dr Vermesch.
La CSMF résiste
Même si elle était prévisible, la décision du SML en ce tout début d'année est un succès pour le directeur de la CNAM dans sa quête assumée du partenariat contractuel le plus large possible avec la médecine libérale.
Sur le plan politique, le gouvernement peut également se réjouir de ce choix qui va dans le sens de l'apaisement en cours avec la profession. Autre organisation signataire, la FMF commente sobrement : « Même tardivement, c'est bien que le SML rejoigne la convention, relève le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, qui se dit toutefois « plutôt déçu de l'attitude actuelle de l'assurance maladie ».
Historiquement conventionniste, la CSMF se retrouve paradoxalement... seule centrale non signataire et avoue ne pas comprendre la stratégie du SML avec lequel elle a souvent constitué un axe privilégié. « Pourquoi signer maintenant alors que la convention est au point mort ?, s'étonne le Dr Jean-Paul Ortiz. À l’issue des négociations sur la télémédecine, s'il y a des avancées significatives pour la médecine libérale, alors la CSMF soumettra la proposition à ses cadres ».
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