Endométriose

Vers un test salivaire ?

Par
Publié le 28/02/2022
Article réservé aux abonnés

Avec un délai diagnostique moyen de 6 à 10 ans entre l’émergence des premiers symptômes et la confirmation de la maladie, l’endométriose peine encore à être diagnostiquée. Mais de récentes annonces suggèrent que des progrès pourraient prochainement être réalisés sur ce front.

Un score clinique présenté en janvier dans la revue eClinicalMedicine laisse entrevoir la possibilité de repérer les femmes à haut risque d’endométriose sur la seule base de l’interrogatoire. Cet outil présentant une sensibilité de 85 %, élaboré par des gynécologues de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), prend en compte l’histoire familiale, les antécédents d’infertilité, l’IMC, la durée des cycles et les plaintes douloureuses (dyspareunies, dysménorrhées, symptômes digestifs ou urinaires) des patientes. Pour le Pr Chérif Akladios, chef du service de gynécologie-obstétrique du CHRU de Strasbourg, il pourrait être utilisé dès les premières étapes du diagnostic auprès des patientes exprimant des douleurs suspectes, dans un objectif « de screening et d’orientation ». Il pourrait ainsi être particulièrement intéressant pour les professionnels de santé de première ligne, afin de « faciliter l’interprétation de plaintes peu spécifiques ».

Mais les annonces les plus marquantes concernent sans doute le test salivaire développé par la start-up Ziwig, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et plusieurs équipes hospitalières. Baptisé Endotest et fondé sur la détection de micro-ARN (petits fragments d’ARN ne codant pour aucune protéine mais régulant l’expression de certains gènes) impliqués dans l’endométriose, ce dispositif pourrait permettre de poser le diagnostic en quelques jours. Ainsi, le CNGOF voit-il « le début d’une révolution scientifique et technologique ».

Encore beaucoup de questions

Cependant, les performances de ce dispositif restent à vérifier. Si, selon une publication du Journal of Clinical Medicine, sa spécificité atteindrait 100 % (pour une sensibilité de 97 %), ce chiffre pourrait s’avérer surestimé. « Car il a été obtenu dans une population de femmes connues pour présenter une endométriose, or la spécificité dépend de la prévalence », rappelle le Pr Akladios. Autre inconnue : les indications potentielles de ce test. Pour le gynécologue strasbourgeois, malgré sa facilité d’utilisation, ce test ne serait pas destiné à toutes les femmes dans le cadre d’un dépistage systématique, étant donné que « jusqu’à 40 % des patientes porteuses de lésions resteraient asymptomatiques – ne nécessitant ni traitement lourd, ni diagnostic anxiogène ».

En fait, aux yeux du gynécologue, ce genre de tests permettrait surtout de confirmer le diagnostic face à des éléments contradictoires sans recourir à des techniques invasives. « Il existe parfois des discordances entre un tableau clinique très évocateur d’une endométriose et une absence de lésions à l’imagerie, une situation qui nécessite de recourir à la cœlioscopie », rapporte le Dr Chérif Akladios.

En attendant, le diagnostic continue de reposer sur la séquence décrite par la Haute Autorité de santé en 2017 : interrogatoire suivi d’un examen clinique puis d’un bilan d’imagerie basé sur l’échographie (examen de premier recours), voire sur l’IRM – « gold standard qui ne fait, en fait, pas mieux que l’échographie, à condition que celle-ci soit placée entre des mains expertes », rappelle le Pr Aklédios. En cas de discordance entre tableau clinique et imagerie, un test de diagnostic thérapeutique peut aussi être réalisé. « Lorsqu’un blocage ovarien par un traitement hormonal est efficace sur les douleurs, c’est un argument fort pour une endométriose sous-jacente », explique le Pr Vincent Lavoué, gynécologue rennais à l’initiative du réseau Endobreizh.


Source : Le Généraliste