Dans le cadre d’un partenariat avec la Mildeca, le Collège de la médecine générale (CMG) a élaboré un « kit addiction » pour faciliter la prise en charge des conduites addictives des patients en médecine générale.
Au total 8 fiches seront mises à disposition d’ici la fin de l’année, autour de différentes thématiques (tabac, cannabis, alcool, cocaïne, opioïdes, adolescents et addictions, pathologie duelle et périnatalité).
Première de la série, celle sur le tabac vient d’ouvrir le bal. Publiée à l’occasion du mois sans tabac, cette fiche propose un rappel des données de consommation, des outils d’évaluation et des stratégies d’intervention. À travers cette initiative, la volonté est de permettre aux généralistes « d’évoquer plus facilement les enjeux du tabac en consultation ». Avec, en toile de fond, « l’idée d’un repérage et d’une proposition d’accompagnement plus systématique », souligne le Dr Christine Maynié-François, médecin généraliste et responsable du groupe Réduction des risques et addictions du CMG.
Outre le repérage, le document met l’accent sur le suivi du sevrage, prônant une « surveillance rapprochée » maintenue dans la durée (plus de 3 mois). « On a montré que lorsqu’il y a une demande d’accompagnement médical, le fait d’avoir un suivi très régulier et rapproché dans le temps est clairement une aide importante pour garantir le succès d’un sevrage tabagique », précise le Dr Maynié-François.
La fiche propose donc un suivi hebdomadaire jusqu’à la stabilisation du patient. Cela va permettre, le cas échéant, d’adapter progressivement les doses de substituts nicotiniques jusqu’à disparition du craving.
Au-delà de cet aspect pharmacologique, « il y a aussi un caractère d’accompagnement motivationnel important », insiste le Dr Maynié-François. « L’association du traitement et d’interventions soutenantes augmente les chances de réussite », rappelle d’ailleurs la fiche pratique. Une revue Cochrane de 2012, actualisée en 2019, a montré qu’une association traitement pharmacologique + soutien comportemental était plus efficace pour l’arrêt du tabac qu’une pharmacothérapie seule (RR 1,15).
Une approche pragmatique et centrée patient
Une fois le patient stabilisé, l’accompagnement doit permettre d’éviter les rechutes et, le cas échéant, d’initier une décroissance des substituts nicotiniques « après un mois d’état stable au minimum ». En pratique, « on peut programmer des paliers toutes les une à deux semaines mais en précisant bien au patient que si cela ne va pas, on peut se revoir plus rapidement », détaille le Dr Maynié-François, qui invite surtout à adapter le rythme du suivi au cas par cas dans une approche centrée patient.
Sur le plan pharmacologique, parmi les traitements remboursés, on retrouve sans surprise les substituts nicotiniques en première intention (à une posologie d’environ 1 mg par cigarette fumée pour les patchs) ; la varénicline étant mentionnée en deuxième intention mais actuellement indisponible.
Par ailleurs, le CMG ne ferme pas complètement la porte au vapotage. Tout en déconseillant l’usage concomitant cigarette/cigarette électronique, la fiche pratique invite « à ne pas décourager le patient fumeur qui initie le vapotage ». « On ne peut pas recommander la cigarette électronique comme un outil de sevrage tabagique mais, néanmoins, c’est un outil de réduction des risques avec moins de toxiques, du moins à court terme, que le tabac », appuie le Dr Maynié-François.
Même pragmatisme concernant la stratégie de sevrage. Si l’arrêt complet du tabac doit rester l’objectif final (toute cigarette fumée étant délétère), la réduction progressive des consommations est aussi envisagée.
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