Trois jours après le tremblement de terre meurtrier qui a frappé le Maroc, le nombre de victimes a continué d’augmenter. Ce lundi, le dernier bilan officiel faisait état de 2 497 morts et 2 476 blessés. Le Dr Rachid Amiry, généraliste installé dans le Nord du pays, raconte au Quotidien comment le pays fait front et encadre les secours.
LE QUOTIDIEN : Avez-vous été directement touché par le séisme ?
Dr RACHID AMIRY : Non, j’exerce au nord du Maroc, à Tétouan à une soixantaine de kilomètres de Tanger, qui est une ville méditerranéenne et non située dans les terres. Même si le gros du séisme s’est passé à environ 800 km de là où j’habite, on a pourtant quand même ressenti un peu les secousses ! J’étais en train d’arroser mon jardin, lorsque j’ai senti le sol vibrer. Mon frère m’a appelé presque tout de suite après, depuis Marrakech, et là on a appris la catastrophe… Grâce à Dieu, lui et sa famille sont saufs. Mais il y a malheureusement de très nombreuses personnes mortes ou disparues.
Comment s’organisent les secours sur place ?
Il y a tout de suite eu la création d’une cellule de crise par Sa Majesté le roi Mohammed VI. Elle est coordonnée par le ministre de l’Intérieur et ses services. Y participent aussi tous les ministères concernés, notamment celui de la Santé, la gendarmerie royale, la protection civile et les militaires. L’efficacité est au rendez-vous, même s’il y a des zones difficiles d’accès, parce qu’elles sont très montagneuses. D'un côté, c’est une bonne chose parce que la densité de la population n’est pas très élevée, ce qui a limité le nombre de victimes. La mauvaise nouvelle, c’est que l’accès, pour les secours, est très difficile et que l’on doit faire appel aux hélicoptères. Les trois premiers jours sont décisifs pour retrouver des survivants, c’est une course contre la montre.
À qui les médecins français, qui souhaitent apporter leur concours, peuvent-ils s’adresser ?
Aux autorités. C'est d'ailleurs ce que même nous, en tant que médecins, devons faire. Par exemple, l’association à laquelle j’appartiens a proposé son aide et on nous a dit que les ressources en termes de moyens humains étaient suffisantes pour le moment et qu’il ne fallait pas trop « encombrer » la région.
Même si, en tant que médecin, je peux aller sur place, je ne sais pas vraiment où me rendre pour être utile. Il se peut que je gêne les personnes qui sont formées et qualifiées pour répondre à ce type de catastrophe. C’est pour cela que la délégation régionale de Marrakech, notamment son volet médical, nous dit : « Temporisez ! Si on a besoin de vous on vous contactera. Il y a suffisamment de bras pour le moment. »
Je ne dis pas que c’est suffisant, mais pour l’instant, on nous a demandé de ne pas nous déplacer. Certains collègues se sont rendus sur place mais ont même dû revenir parce que, compte tenu de la configuration du terrain, ils ne pouvaient pas aider. De préférence, il faut contacter soit les autorités marocaines, soit le Croissant-Rouge marocain qui peuvent coordonner le déploiement des interventions.
Dernière chose sur laquelle j’insiste : j’ai entendu monter un début de polémique sur le fait que le Maroc n’avait pas officiellement demandé l’aide de la France. Je tiens pour ma part à remercier l’État Français et le président Macron qui a proposé son assistance. Les Marocains connaissent le grand cœur des Français.
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