Les traitements contre l’infertilité seraient associés à un risque accru d’AVC, principalement hémorragique, dans les 12 mois suivant l’accouchement, suggère une étude publiée ce 30 août dans « Jama Network Open ».
Alors que la littérature rapporte des conclusions contradictoires sur le sujet, des chercheurs américains ont voulu y voir plus clair et se sont penchés sur les données tirées de la base nationale sur les réadmissions hospitalières (données des séjours hospitaliers de 28 États des États-Unis, de 2010 à 2018).
Au total, 31 339 991 femmes enceintes ayant accouché entre 2010 et 2018 ont été incluses dans cette étude de cohorte rétrospective. Parmi elles, 287 813 (0,9 % ; âge médian 32,1 ans) avaient reçu un traitement contre l'infertilité et 31 052 178 (99,1 % ; âge médian 27,7 ans) ont accouché après une conception spontanée.
Dans les 12 mois suivant l'accouchement, le taux d'hospitalisation pour AVC s’élevait à 37 hospitalisations pour 100 000 personnes (105 patientes) parmi les patientes ayant reçu un traitement contre l'infertilité, contre 29 hospitalisations pour 100 000 personnes (9 027 patientes) après une conception spontanée. Le risque absolu reste faible mais est ainsi augmenté de 66 % en cas de traitement contre l’infertilité (différence de taux de 8 hospitalisations pour 100 000 personnes).
Un risque qui augmente avec le temps
Dans le détail, le risque est plus que doublé pour les AVC hémorragiques (HR = 2,02), tandis qu’il est accru de 55 % pour les AVC ischémiques (HR = 1,55). Ce surrisque d'hospitalisation pour AVC apparaît dès 30 jours après l’accouchement, mais il « augmente à mesure que le délai entre l'accouchement et l'hospitalisation augmente, en particulier pour les AVC hémorragiques », relèvent les auteurs. Les associations « sont devenues plus importantes pour les AVC hémorragiques et plus petites pour les AVC ischémiques après correction des biais », poursuivent-ils.
À côté de la présence de certains facteurs de risque cardiovasculaires connus, comme le surpoids ou l'obésité, le tabagisme ou la consommation d'alcool, deux hypothèses explicatives sont avancées.
Tout d'abord, le traitement de l'infertilité peut contribuer à certaines complications vasculaires (prééclampsie, décollement placentaire et retard de croissance fœtal) et à des troubles rénaux ou métaboliques (diabète préexistant et gestationnel), qui, à leur tour, peuvent augmenter le risque d'AVC. De précédents travaux ont montré que l'hypertension pendant la grossesse et le diabète gestationnel étaient associés à un risque accru de maladie cardiovasculaire sur 10 ans, est-il rappelé.
Il est également possible que certains changements physiologiques, des lésions endothéliales ou l’état prothrombotique induit et les altérations de l'hémodynamique maternelle au moment du traitement de l'infertilité contribuent à l'augmentation du risque d’AVC. Là encore, des travaux nourrissent cette hypothèse. Des changements dans la fréquence cardiaque et la pression artérielle à différents moments de la stimulation ont déjà été observés, « en particulier lorsque le protocole agoniste était utilisé par rapport au protocole antagoniste », est-il souligné, sans que ces changements soient pour l’heure associés à des complications.
Alors que les AVC représentent environ 7 % des décès liés à la grossesse aux États-Unis, les auteurs encouragent la poursuite des recherches afin de déterminer laquelle de ces hypothèses expliquerait le mieux l’association entre le traitement de l’infertilité et les réhospitalisations suite à un AVC.
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