Selon vous, y a-t-il des situations médicales qui contre-indiquent la téléconsultation ? La HAS ou les sociétés savantes devraient-elles préciser les choses ?
Dr Jacques Lucas : La HAS n’a pas à dire ce qui peut être fait ou non en téléconsultation. C’est au médecin d’apprécier très rapidement si la situation clinique s’y prête et jusqu’où il peut aller avec les éléments dont il dispose. Entreprendre une téléconsultation dans le cadre du parcours de soins pour un patient que l’on connaît, cela suppose de juger le degré d’urgence et d’être prêt à réorienter ou à compléter la consultation. Exactement, finalement, comme lors d’une consultation classique. Il faut adopter la même attitude intellectuelle et avoir la même rigueur de raisonnement. Je pense qu’il n’y aura pas plus de mésusage de la téléconsultation qu’il n’y a de mésusage de la consultation.
Qu’en est-il pour les patients qu’on ne connaît pas ?
Dr J. L. : Lorsqu’en téléconsultation, le médecin et le patient ne se connaissent pas, cela crée une zone de fragilité au niveau de la sécurité des soins. Mais c’est la même chose, la visio en moins, lorsqu’une personne appelle le 15 et, dans l’ensemble, cela se passe bien. Dans certains territoires, il pourrait y avoir une régulation par la médecine de ville et les autres professionnels de santé qui s’organisent en CPTS pour la prise en charge des personnes, en utilisant des moyens de télémédecine.
L’absence d’examen physique vous semble-t-elle problématique ?
Dr J. L. : On parle encore beaucoup de la primauté de la clinique mais on voit bien que ce n’est plus toujours le cas. Par ailleurs, la téléconsultation autorise un interrogatoire et une inspection qui permettent déjà d’avoir un diagnostic présumé dans un grand nombre de cas. Du fait de l’absence d’examen clinique, l’interrogatoire est souvent plus fouillé – puisque la décision du médecin repose essentiellement dessus –, ce qui a pu d’ailleurs être apprécié par certains patients. Dans une enquête réalisée par l’agence, nous avons montré que les patients étaient plus nombreux à être satisfaits à l’issue d’une téléconsultation que les médecins !
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