Olivier Véran l’a annoncé hier : des tests virologiques de dépistage rapides dits "tests antigéniques" devraient être déployés « dès cette semaine en Île-de-France » tandis qu’un arrêté précisant le cadre de leur utilisation était attendu jeudi 10 septembre. Alors que la stratégie de dépistage se heurte actuellement aux « lourdeurs » de la PCR nasopharyngée classique, les espoirs suscités par ces nouveaux tests sont importants. Mais que peut-on vraiment en attendre ?
Des tests antigéniques pour éviter la case labo
Réalisés comme la PCR à partir de sécrétions nasopharyngées, les tests antigéniques détectent des protéines du virus (reconnues par des anticorps). Ils n’évitent pas le prélèvement par écouvillon au niveau du nez mais permettent d’obtenir un résultat en moins de 30 minutes, sans avoir à passer par la case laboratoire. En termes de performance, « ils sont moins bons que la PCR, reconnaît le Pr Jérôme Le Goff, virologue à l’Université de Paris et à hôpital Saint-Louis, avec une sensibilité d’environ 80 % par rapport à la PCR au moment des symptômes ». « Il y aura donc des loupés » poursuit le spécialiste mais « si on fait le test au bon moment par rapport au contact (4 jours idéalement), peut-être qu’on manquera surtout les personnes les moins contagieuses ». Le laboratoire Abbott qui vient d’obtenir le marquage CE pour son test rapide Panbio ™ COVID-19 Ag avance pour sa part des chiffres de sensibilité de 93,3 % et une spécificité de 99,4 % chez les personnes soupçonnées d'être exposées au COVID-19 ou présentant des symptômes au cours des sept derniers jours.
Quoi qu’il en soit, ces tests devraient être positionnés plutôt comme des tests de « débrouillage » indique le Pr Le Goff, avec un statut de TROD (test rapide d’orientation diagnostique). À ce titre, ils devraient donc en théorie « pouvoir avoir une utilisation relativement large » y compris en ville. Cependant, compte tenu des contraintes de sécurités liées au risque de contamination lors du prélèvement et des manipulations ultérieures, leur utilisation en cabinet médical par exemple, apparaît pour le moment compliqué.
En revanche, « dans les semaines qui viennent, compte tenu des besoins, il y a sûrement des choses qui vont pouvoir se mettre en place dans les aéroports, les Ehpad, etc. Ce ne sera pas l’unique stratégie pour élargir le dépistage et désengorger les laboratoires, mais cela en fera partie », poursuit le virologue.
Les tests salivaires n'affranchissent pas de la PCR
Des tests salivaires sont aussi dans les starting-blocks et « j'attends de façon imminente des résultats d'expérimentations qu'on a menées », a indiqué mardi Olivier Véran. « La salive est un échantillon plus complexe que les prélèvements nasopharyngés et on peut perdre dans certains cas un peu de sensibilité donc il faut rester prudents », tempère le Pr Le Goff. Pour le moment, les données les plus solides concernent les PCR salivaires qui autorisent l’auto-prélèvement, mais demandent par contre toujours une analyse en laboratoire classique.
« Les études montrent que la PCR salivaire semble globalement aussi performante que la PCR nasopharyngée pour la détection des sujets contagieux, ajoute le Pr Le Goff, même si les charges virales qui sont détectées sont un peu plus faibles et se négativent plus rapidement. C’est une approche intéressante, même si on manque encore d’évaluation en vie réelle chez des sujets pas forcément symptomatiques, comme ceux qui se présentent dans les centres de dépistage. » Comme pour les tests antigéniques, « ce sera là encore de l’orientation diagnostique car pour le moment, la référence pour le diagnostic reste le prélèvement nasopharyngé et la PCR ».
D’autres tests salivaires, reposant sur des techniques moins contraignantes que la PCR, sont aussi à l’étude. Si les résultats sont concluants, ils pourraient permettre de délocaliser à la fois les prélèvements et le test proprement dit, tout en raccourcissant les délais de rendus des résultats et en offrant pour le patient, une meilleure acceptabilité que les tests antigéniques. Car « si l’épidémie dure, je ne suis pas sûre que les gens acceptent qu’on leur fasse des écouvillons en permanence », souligne le Pr Le Goff.
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