Les niveaux de connaissances sur les PFAS ne sont pas homogènes. Certains d'entre eux bénéficient d'une littérature abondante, comme l’acide perfluorooctanoïque (APFO) et l’acide perfluorooctanesulfonique (SPFO), respectivement classés cancérigène (groupe 1) et peut-être cancérigène (groupe 2B) par le Centre de recherche international sur le cancer (CIRC).
« J'ai en tête de premières études datant des années 2010 et 2012, se souvient Robert Barouki, biochimiste et biologiste moléculaire à l'Université de Paris, spécialiste de l'impact de la contamination environnementale sur la santé humaine. Ces travaux portaient sur l'immunosuppression induite par ces composés, poursuit le chercheur. Cela a été bien mis en évidence dans des études chez l'enfant : plus les niveaux sanguins de PFAS sont élevés, moins les vaccins sont efficaces. »
D'autres recherches ont montré un effet métabolique qui se traduit par une élévation du cholestérol. « Cet aspect-là est assez accepté, détaille Robert Barouki. Il y a aussi des effets sur le risque de petit poids de naissance. » Si les chercheurs ont identifié une interaction entre les composés perfluorés et le récepteur PPAR-alpha, un régulateur majeur du métabolisme des lipides dans le foie, il n'est pas clair que ce soit le seul mécanisme toxicologique à l’œuvre avec tous les PFAS. Pour corser le tout, « ce récepteur n'agit pas de la même manière chez l'homme et chez l'animal », indique Robert Barouki. Les modèles animaux sont donc peu utilisables.
En population générale, le principal mode d'exposition est l'ingestion. Certaines professions bien particulières (dans l’industrie plastique ou le recyclage) peuvent être exposées via la peau ou l'air ambiant. « Sur ce point aussi les connaissances sont extrêmement hétérogènes », commente Robert Barouki.
10 à 15 % de la population au-dessus des seuils d’exposition
L'un des aspects les plus préoccupants des PFAS est leur capacité de bioaccumulation dans les tissus adipeux, faute d’enzymes pour les dégrader. On estime que leur demi-vie dans le corps est de 2 à 3 ans. « Ils finissent par passer dans la bile et dans les urines, mais c'est très long », explique Robert Barouki.
Pour autant, la diminution de l'exposition se traduit in fine par une diminution de leur présence dans le métabolisme. C'est en tout cas ce qui a été observé dans des séries temporelles, au fur et à mesure que l'on diminuait le recours à l'APFO et au SPFO dans l’industrie.
Robert Barouki a participé à un projet européen de biosurveillance, alimenté par les données françaises de l'étude Esteban. Il en ressortait que 10 à 15 % de la population étaient au-dessus du seuil de toxicologie pour les PFAS. Mais les effets de cette exposition sont difficiles à discerner, du fait de la poly-exposition à d'autres polluants.
« Il faut insister sur les PFAS moins étudiés présentés comme des substituants, poursuit Robert Barouki. Je suis préoccupé par cette course à la substitution par des composés sur lesquels nous n'avons pas de données. » Pour étudier les effets des milliers de PFAS répertoriés, il suggère qu’à l'avenir, la communauté scientifique s'appuie sur l'outil informatique et raisonne de manière structurale, par famille entière de composés.
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