Les schémas thérapeutiques contenant du remdesivir, de l’hydroxychloroquine, l’association lopinavir-ritonavir ou de l’interféron β sont peu ou pas efficaces contre le Covid-19. C’est ce que suggèrent les résultats préliminaires de l’essai clinique Solidarity, en cours d’examen par un comité de relecture mais déjà prépubliés sur le site-web MedRxiv.
Les résultats de cet essai randomisé conduit par l’OMS dans plus de 400 hôpitaux de 30 pays afin de trouver rapidement un traitement efficace contre le Covid-19 semblent en fait peu étonnants. Quelques mois après le lancement de l'étude, les bras hydroxychloroquine et lopinavir/ritonavir avaient déjà été abandonnés pour manque apparent d’efficacité de ces médicaments. D’autres études avaient également conclu en l’inefficacité des deux autres traitements.
Finalement, le recrutement de plus de 11 000 adultes hospitalisés – dont environ 3 000 ont reçu du remdesivir, 1 000 de l’hydroxychloroquine, 2 000 du lopinavir éventuellement associé à de l’interféron et 1 500 de l’interféron seul – a achevé de montrer qu’aucun de ces traitements n’entraîne de réduction de la mortalité significativement plus importante que la prise en charge symptomatique standard du Covid-19.
Pas d’effet sur la mortalité à 28 jours
« Les résultats préliminaires de l’essai clinique Solidarity […] indiquent que les schémas thérapeutiques à base de remdesivir, d’hydroxychloroquine, de lopinavir/ritonavir et d’interféron semblent avoir peu ou pas d’effet sur la mortalité à 28 jours ou sur l’évolution de la maladie chez les patients hospitalisés », a plus précisément annoncé l’OMS le 15 octobre.
Si par rapport aux plus de 4 000 adultes témoins ayant bénéficié d’une prise en charge classique du covid-19, aucun des médicaments n’a en effet abaissé significativement le risque relatif de mortalité à 28 jours, aucun n'est non plus associé à une réduction du temps de guérison, confirme la pré-publication. Au contraire, près de 70 % des patients ayant reçu du remdesivir, de l’hydroxychloroquine ou du lopinavir étaient encore hospitalisés à 7 jours, contre moins de 60 % des malades témoins, est-il détaillé sur MedRxiv.
Des résultats pas si négatifs ?
Si ces résultats n’aboutiront pas à une évolution importante de la prise en charge du covid-19, l’OMS se félicite cependant de la rapidité avec laquelle ils ont été obtenus. « Les progrès réalisés par l’essai Solidarity [en moins de 6 mois] montrent que de vastes essais internationaux sont possibles, même en temps de pandémie, et offrent la promesse de répondre rapidement et de manière fiable aux questions critiques de santé publique concernant les traitements », estime l’organisation.
Ces investigations dites adaptatives ne sont par ailleurs pas terminées. « La plateforme mondiale de l’essai Solidarity est prête à évaluer rapidement de nouvelles options thérapeutiques prometteuses » comme de nouveaux médicaments antiviraux, des immunomodulateurs ou des anticorps monoclinaux anti-SARS-CoV-2, indique l’OMS. L’efficacité préventive de certains des 4 médicaments initialement inclus dans Solidarity pourrait par ailleurs être évaluée « dans des essais cliniques différents », suggère cette instance.
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