Apparus dans les années 1990 au Danemark, les programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC) ont pour but d'aider les malades à mieux se préparer à une opération chirurgicale et à se rétablir plus rapidement suite à l’intervention.
Deux nouvelles études américaines présentées au congrès annuel 2 016 d’anesthésie ont récemment confirmé l'intérêt de cette approche.
En France, des observations récentes avaient déjà montré que ces démarches permettent par exemple de diminuer de près de 4,5 jours la durée moyenne du séjour à l’hôpital après une chirurgie colorectale et de 3 jours pour une chirurgie de la hanche ou du genou.
Des traitements antalgiques optimisés
La première étude menée par le centre médical de l’Université de Rush à Chicago confirme ces résultats. Les chercheurs se sont penchés sur un programme qui permettait aux patients opérés pour une prothèse de genou de rentrer chez eux plus rapidement et de souffrir moins.
Les travaux portaient sur 243 patients à qui on a prescrit une combinaison d'antalgiques de classes pharmacologiques différentes afin de limiter la douleur au maximum contrairement au traitement standard qui repose sur un seul type de molécules. Les chiffres récoltés pendant l’expérience sont très encourageants. Grâce à cette stratégie, seulement 4 % des patients opérés souffraient de douleurs modérées à sévères le jour suivant l’opération contre 60 % classiquement. Mieux encore, 29 % des participants ont déclaré ne pas avoir souffert du tout durant l’intégralité de leur passage à l’hôpital. En moyenne, les patients inclus dans l’étude rentraient chez eux 15 heures après la chirurgie alors qu’au niveau national les personnes opérées pour prothèse du genou restent hospitalisées 3,7 jours.
Le Dr Asokumar Buvanendran qui a dirigé les recherches, conclut qu’« une collaboration globale entre l’anesthésiste et l’équipe chirurgicale permet de libérer le patient plus tôt avec les mêmes résultats mais avec des douleurs moindres ».
Un coaching pour les patients avant le jour J
La seconde étude dirigée aux centres hospitaliers à Royal Oak dans le Michigan s’est portée davantage sur l’éducation des patients avant des interventions de chirurgies colorectales. Les personnes qui ont participé à ces classes « de préparation » ont rapporté qu’ils étaient mieux informés sur la manière de gérer les douleurs postopératoires par rapport aux autres.
Plus précisément, deux heures de classes étaient prévues quelques semaines avant la chirurgie. Ces séances se concentraient sur la nutrition et les conditions physiques. Les malades qui y ont participé se sont vus rappeler l’importance d’un régime équilibré et ont été encouragés à exécuter chez eux des exercices simples afin d’améliorer leur capacité physique, leur tonus musculaire et leur flexibilité. Les infirmières en charge des classes, leur ont également enseigné diverses techniques respiratoires pour les aider à évacuer le stress. Elles leur ont aussi expliqué à limiter leur recours aux opioïdes au vu des effets secondaires possibles. En outre, une boisson glucidique a été offerte aux participants comme supplément nutritionnel ainsi qu’un spiromètre pour évaluer leur fonction respiratoire et des instructions pour accroître leur activité physique.
Deux jours après l’opération colorectale, un sondage à 10 questions a été réalisé auprès de 228 patients. Parmi ceux-ci, 160 ont suivi les séances d’éducation et 68 ne l’ont pas fait. 91 % de ceux qui y ont participé se sont sentis préparés pour l’intervention comparé à 80 % des autres. De même, 95 % des participants aux classes de préparation se sont sentis encouragés et capables de récupérer grâce aux informations reçues. Ils ont aussi été 90 % à se sentir impliqués dans les décisions à prendre concernant leurs soins contre 81 % des personnes opérées qui n’étaient pas présentes aux séances.
Enfin, depuis le début des RAAC, la durée des séjours hospitaliers s’est réduite passant d’une semaine à 2 ou 3 jours et les malades prennent moins d’opioïdes après l’intervention selon les chercheurs. « Nous croyons que l’éducation du patient est fondamentale pour la récupération améliorée après chirurgie et devrait faire partie du protocole préopératoire », souligne le Dr Larry Manders, l’auteur principal des travaux.
Ces résultats viennent conforter la position de la HAS qui a récemment publié un communiqué où elle préconise plusieurs mesures à mettre en place pour développer cette démarche. Par exemple, elle recommande qu'une infirmière ou un kinésithérapeute réalise une consultation spécialisée avant l’intervention pour mieux informer le malade sur le déroulé de l’opération et d’user d’antidouleurs autres que la morphine.
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