Un retour du remdesivir (Veklury) parmi les traitements du Covid-19 est-il en train de s’opérer ? C’est ce que peuvent laisser entendre de récentes communications diffusées dans le monde par quelques institutions sanitaires, à l’instar de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 22 avril puis de la Food and Drug Administration (FDA) le 25 avril.
En effet, dans une mise à jour de ses guidelines sur les médicaments du Covid-19 dans le British Medical Journal (BMJ), l’instance réhabilite le traitement de Gilead. Et ce, alors même que « l’OMS s’était (précédemment) prononcée contre son utilisation chez tous les patients Covid, quelle que soit la sévérité de la maladie, du fait de preuves qui, à l’époque, montraient toutes une quasi-absence d’effet sur la mortalité », rappelle l’institution par communiqué.
Des nouvelles données pour étayer cette recommandation qualifiée néanmoins de « faible »
À l’origine de ce revirement : de nouvelles données d’essai de phase 3, qui soutiendraient son utilisation dans le Covid-19 léger à modérer chez des patients à haut risque de forme grave. Dans cette population, un traitement de trois jours réduirait significativement le risque d’hospitalisation.
Cependant, il semble que le remdesivir ne puisse pas supplanter les autres médicaments également préconisés en traitement précoce du Covid-19 pour éviter une aggravation chez des patients vulnérables récemment infectés. À commencer par l’association nirmatrelvir-ritonavir (Paxlovid). En effet, alors que dans les mêmes guidelines, l’OMS émet une « recommandation forte » en faveur de l’utilisation de cet antiviral anti-SARS-CoV-2, celle qui concerne le remdesivir est qualifiée de « faible » – les nouvelles preuves d’efficacité restant peu saillantes.
De plus, le remdesivir apparaît bien moins facile à manier que les autres traitements disponibles. De fait, son administration doit se faire précocement par voie intraveineuse à raison d’une « perfusion quotidienne pendant trois jours consécutifs », admet Gilead par communiqué. Et ce, alors même que les anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2 autorisés dans le traitement précoce du Covid-19 comme le sotrovimab (Xevudy) ne nécessitent qu’une perfusion, et que le Paxlovid est actif par voie orale.
Une autorisation pour les enfants aux États-Unis
Quoi qu’il en soit, aux États-Unis, la FDA a elle aussi ouvert la voie à une utilisation plus large du remdesivir. Alors que le traitement était déjà autorisé Outre-Atlantique chez les adultes et adolescents de plus de 12 ans – soit déjà hospitalisés pour Covid-19, soit présentant encore une forme légère à modérée de la maladie mais à haut risque d’aggravation –, l’agence américaine étend ses indications aux enfants de plus de 3 kg dès l’âge de 28 jours. « Cette décision fait de Veklury le premier traitement Covid-19 approuvé pour les enfants de moins de 12 ans », avance la FDA par communiqué.
À noter qu’en France, les traitements curatifs spécifiques précoces du Covid-19 autorisés ne peuvent être utilisés que chez les adultes (dans le cas du Paxlovid) ou à partir de 12 ans (dans le cas du sotrovimab). Et dans l’Hexagone, comme le soulignait la Haute Autorité de santé (HAS) en janvier, le remdesivir n’est pas « considéré comme un traitement approprié (du Covid-19) ». Car si le médicament dispose d’une AMM conditionnelle européenne – chez les malades oxygénorequérants de plus de 12 ans ainsi que dans les 7 jours suivant le début des symptômes chez les personnes récemment infectées à risque d’aggravation –, il n’était « pas encore disponible, ni pris en charge » dans le pays début 2022.
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