À l'occasion d'un colloque organisé ce jeudi, le Collectif pour un bon usage du médicament* a formulé ses dix préconisations contre l'iatrogénie. La plupart des propositions soufflées à Agnès Buzyn, qui inaugurait cette journée, comprennent une utilisation plus réfléchie du numérique. Les partenaires recommandent notamment de « généraliser la détection des interactions médicamenteuses provenant de multiprescriptions dans les logiciels de plusieurs professionnels », « d'accélérer le partage de données dans le Dossier médical partagé (DMP) » ou encore de « rendre interopérables les messageries sécurisées entre professionnels ».
Dix mille décès auraient pour origine un mauvais usage du médicament chaque année. Ce constat alarmant issu d'un rapport ministériel de 2013 a poussé le collectif à promouvoir dès 2015 le bon usage des produits de santé via une campagne de sensibilisation auprès du grand public. Selon le même rapport, 45 à 70 % des cas d'accidents seraient évitables.
Renforcer la coopération médecin-pharmacien
« C'est un sujet de santé publique majeur qui est aussi peu connu des patients », estime Agnès Buzyn, qui a mis le bon usage des médicaments au cœur de la Stratégie nationale de santé du quinquennat. Elle considère que l'enjeu est la fois dans la surveillance individuelle mais aussi collective. La ministre de la Santé a rappelé les mauvais résultats français en termes de prescription de benzodiazépines et d'antibiotiques.
Selon elle, il est nécessaire d'intégrer l’iatrogénie à la formation initiale et continue des professionnels de santé. « On doit se reposer la question de la prescription et former les médecins car la culpabilité d'une erreur est difficile à supporter ». Le Collectif pour un bon usage du médicament préconise en ce sens « d'encourager la coopération médecin-pharmacien dans le Développement professionnel continu (DPC) », « de sensibiliser les patients grâce à l'intervention de jeunes étudiants en santé dans le cadre du service sanitaire » ou encore de « fixer des objectifs de réduction des décès et des hospitalisations ».
Le gouvernement envisage de son côté « d'intégrer des critères de pertinence des prescriptions dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) », a complété Agnès Buzyn. Enfin, le Collectif propose de créer un observatoire du bon usage du médicament et de mettre en place un numéro vert pour les médecins et les pharmaciens afin de pouvoir contacter un expert en cas d'interrogations par rapport à un cas complexe.
* Le collectif pour un bon usage du médicament est composé de représentants des pharmaciens (FSPF, USPO, UTIP Association, Le Collectif, CN URPS PL), de représentants des médecins (SFGG, CNPG, CSMF), des Ordres des Infirmiers et des Masseurs Kinésithérapeutes, d'entreprises du médicament (LEEM, Teva), d'institutions de prévoyance (Klesia et Malakoff Médéric), de gestionnaires d’EHPAD, de cliniques et d’HAD (Korian), de services et soins à la personne (Centres de santé, EHPAD, services infirmiers à domicile ADMR) et des éditeurs de données et de logiciels Vidal et CompuGroup Medical (CMG).
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