Fin septembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les conditions d’autorisation et de commercialisation des médicaments à base de valproate chez la femme enceinte suite aux multiples plaintes de famille qui accusent les autorités sanitaires de leur manque de fermeté quant à la distribution de ces médicaments. Le service de gendarmerie spécialisé dans les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) sera saisi pour « blessures involontaires et tromperie aggravée ».
Cette enquête intervient quelques mois après que l’ANSM ait durci les conditions de prescription et de délivrance de ces médicaments suite à la plainte de trois familles dont les enfants souffrent de malformations à la suite de la prise de ce type d'antiépileptique pendant la grossesse de la mère. L’agence précise qu’ils « ne doivent pas être prescrits chez les filles, les adolescentes, les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes, sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives médicamenteuses » rappelant « le risque élevé de malformations congénitales » et « le risque accru de troubles neuro-développementaux » pour les enfants exposés in utero.
Depuis les premières descriptions en 1968, plus de 700 publications référencées font état des risques malformatifs durant la grossesse sous antiépileptique. L’acide valproïque, très utilisé chez la femme jeune en cas d’épilepsie et dans les troubles bipolaires, est le plus malformatif des antiépileptiques et thymorégulateur. Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français recommande de se fier aux directives du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT), tout en soulignant l’importance de ne pas prescrire d’acide valproïque pendant la grossesse.
En 2014, un rapport du CRAT confirme l’utilisation en première intention du lamotrigine (Lamictal®) en première intention, suivi par le levetiracetam (Keppra®), la phénytoine (Di-Hydan®) et l’oxcarbazépine (Trileptal®). La gabapentine (Neurontin®) et la carbamazépine (Tégrétol®) peuvent être indiqués de troisième intention. Enfin, le clonazepam (Rivotril®) et le clobazam (Urbanyl®) sont également utilisables en cours de grossesse. Si ces options ne conviennent pas et que l’interruption des antiépileptiques compromet l’équilibre maternel, le CRAT rappelle que d’autres traitements sont envisageables sous réserve d’un avis spécialisé. Néanmoins, il n’y pas d’indication à interrompre une grossesse récemment découverte, du seul fait d’un traitement à risque tératogène selon une récente mise au point sur les psychotropes chez la femme enceinte publiée dans la Presse Médicale (1). La Société Française de Neurologie quant à elle recommande de respecter un dosage inférieur à 750 mg/jour si le maintien du valproate est nécessaire.
1. Bascoul C. et al. Psychotropes pendant la grossesse et l'allaitement : mise au point pratique. La presse Medicale 2015; 44: 271–283
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