Les conditions de don de sang des homosexuels se rapprochent de plus en plus des critères de sélection en population générale. L’objectif est à l’horizon 2022, l’adoption de critères de sélection universels.
Les HSH peuvent donner leur sang si pas de rapport sexuel les 4 derniers mois
Dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Santé publique France informe qu'à partir du 2 avril, les hommes ayant eu des rapports sexuels avec des hommes (HSH) peuvent donner leur sang à condition de ne pas avoir eu de rapports sexuels au cours des quatre derniers mois. Cette disposition entérinée par l'arrêté du 17 décembre 2019, et qui vient d'être effective, rompt avec une longue période d’exclusion puis de forte limitation qui prévaut depuis plus de trente ans.
Vers une fin de l'exclusion
Le scandale du sang contaminé a imposé une politique drastique de prévention du risque d’infections transmissibles dans la chaîne transfusionnelle. C’est pourquoi, dès 1983, le don de sang a été interdit aux HSH par crainte du VIH. Aujourd’hui, la performance du dépistage est telle que la « fenêtre silencieuse » où l’on ne détecte pas la présence virale s’est considérablement réduite.
Après la décision radicale prise il y a plus de 30 ans, beaucoup de voix se sont élevées jugeant l’exclusion permanente du don de sang discriminatoire et beaucoup trop sévère par rapport à d’autres situations exposant au VIH (par exemple un ajournement de quatre mois seulement pour un donneur hétérosexuel ayant un partenaire séropositif au VIH). Et avec le temps, il y a eu un assouplissement argumenté des critères de sélection au don du sang.
Ces évolutions ont permis dans un premier temps la fin de l’exclusion définitive des HSH du don de sang. En 2016, le don de sang total est devenu possible sous réserve d’un ajournement de 12 mois sans relation sexuelle entre hommes. Idem pour un don de plasma sécurisé à condition de ne pas avoir eu plus d’un partenaire sexuel dans les quatre derniers mois, comme pour les autres donneurs.
Des consignes pas toujours respectées
Le dernier BEH rapporte que l'enquête anonyme 'Complidon' sur le recueil de près de 110 000 questionnaires (conduite en 2017), a permis d'estimer que plus de 5 % des donneurs de sang auraient dû être exclus car ils présentaient au moins un critère contre-indiquant le don de sang. Parmi les contre-indications les moins respectées lors du dernier don : le fait d'avoir eu plusieurs partenaires sexuels au cours des 4 derniers mois (1,9 %).
Pas de majoration du risque de transmission transfusionnelle
En dépit de ce résultat, le bilan d'ouverture du don du sang en 2016 aux HSH n'a montré « aucune majoration du risque résiduel de transmission transfusionnelle du VIH ». Si l’on se base sur l’hypothèse d’un ajournement des hommes qui ont eu des rapports sexuels entre hommes au cours des quatre mois précédant le don, le risque de transmission de VIH est identique à celui observé pour un ajournement de 12 mois des HSH. Ce risque lié à la fenêtre biologiquement silencieuse, est évalué actuellement à environ 1 don de sang contaminé par le VIH et non dépisté positif tous les deux ans en France. Le retour d’expérience de plusieurs pays a fourni également des éléments rassurants sur le risque infectieux.
Concrètement, « tous les candidats au don auxquels était associé un ajournement de 12 mois à ce motif verront la durée de cet ajournement recalculée sur 4 mois et, selon les cas, se verront donc devenir éligibles au don immédiatement ou au plus tard dans les 4 mois à venir », écrit François Charpentier (Établissement français du sang).
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