Après une baisse historique en 2020, la consommation d’antibiotiques en ville est-elle en train de repartir à la hausse ? C’est en tout cas ce que suggèrent les données présentées par Santé publique France (SPF) lors d’une plénière dédiée à l’antibiorésistance en soins primaires. Pour 2021, on observe ainsi une réascension des consommations, avec une augmentation de 4,9 % des doses définies journalières (ddj) pour 1 000 habitants/j et de 6 % du nombre de prescriptions pour 1 000 habitants/j. Même si ces indicateurs restent en dessous de leur niveau de 2019, cette tendance à la hausse « constitue un petit warning », estime Anne Berger-Carbonne (SPF). Ce d’autant que la reprise concerne principalement des enfants de 0 à 4 ans et a été observée surtout au dernier trimestre 2021, avec la recrudescence des pathologies virales hivernales. « Ce qui n’est pas forcément un signal positif pour le bon usage des antibiotiques », ajoute-t-elle.
Une enquête BVA conduite en mars 2020 auprès de 388 généralistes suggère pourtant un vrai changement des pratiques, deux tiers des praticiens interrogés estimant prescrire moins d’antibiotiques depuis ces cinq dernières années. Face à la pression des patients réclamant une prescription d’antibiotiques non justifiée, les généralistes semblent aussi plus enclins à résister, 64 % d'entre eux (contre 59 % en 2010) déclarant ne pas prescrire et préconiser au patient de rappeler ou de reconsulter si leur état ne s’améliore pas d’ici 2 à 3 jours.
Maladie de Lyme : primum non nocere…
Alors que quelques études ont cherché à documenter l’efficacité potentielle des antibiotiques et des anti-infectieux au long cours sur les symptômes prolongés post-maladie de Lyme, une revue de la littérature s’est intéressée en miroir aux effets indésirables et au risque de surdiagnostic associés à ces traitements. Outre de nombreux effets indésirables type diarrhées (associées ou non à Clostridium difficile), troubles électrolytiques, anaphylaxies, voire Dress syndrome, « plusieurs études observationnelles mettaient en évidence des taux de surdiagnostic évoluant entre 80 et 100 %, résume le Dr Xavier Gocko, co-auteur de l’étude. Il y avait même un décès chez une patiente ayant attribué ses symptômes de lupus érythémateux disséminé à la maladie de Lyme et arrêté tous ses traitements. »
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