« Pour moi, la prévention est une illusion » À l’occasion du congrès de la Sifud-PP* (Avignon, 30 mai - 1er juin), le Pr Xavier Fritel (CHU de Poitiers) s’est montré plutôt sceptique quant aux possibilités de prévention « périnatale » de l’incontinence urinaire (IU) féminine, soulignant par ailleurs les interrogations qui persistent sur ce sujet.
Première incertitude : s’il est admis que la prévalence des symptômes d’IU augmente au cours de la grossesse (pour diminuer spontanément dans les trois premiers mois du post-partum dans 85 % des cas), le rôle de la maternité dans la survenue d’une IU à distance est beaucoup moins clair.
L’impact des modalités d’accouchement n’est pas non plus clairement établi. Contrairement à une idée répandue, l'accouchement instrumental ne ressort pas comme un facteur de risque. A contrario, l’effet protecteur de la césarienne fait encore débat. « Quelques années après un accouchement, l’IU est moins fréquente chez les femmes qui ont eu une césarienne par rapport à celles qui ont accouché par voie basse reconnaît le Pr Fritel, mais cela témoigne peut-être simplement du fait que ces femmes qui ont eu besoin d’une césarienne ont une qualité tissulaire spécifique qui leur confère par ailleurs un risque moindre d’IU ». Deux essais randomisés se sont penchés sur la question, l’un portant sur des accouchements en sièges l’autre sur des grossesses gémellaires. À court terme, l’accouchement par césarienne est associé à une moindre prévalence de l’IU post-natale mais le bénéfice semble ne pas se maintenir à long terme.
Pas de rééducation périnéale systématique
Autre pavé dans la mare : bien qu’il s’agisse d’une pratique courante, la rééducation périnéale du post-partum n’est plus recommandée en préventif en systématique, aucun essai randomisé n’ayant évalué son intérêt à moyen et à long terme chez des femmes asymptomatiques. La rééducation périnéale reste en revanche préconisée pour traiter une incontinence urinaire avérée persistante à 3 mois du post-partum. Tout en sachant qu’elle améliore l’incontinence urinaire à court terme, mais pas sur le long terme.
Les données pêchent aussi concernant des autres facteurs de risque modifiables comme le surpoids ou l’obésité. La littérature suggère qu’un IMC > 25 favorise la survenue d’une incontinence chez la femme enceinte ou en post-partum. Mais on manque d'étude ayant évalué si la réduction pondérale avant la conception diminue l’incidence de l’IU en cours de grossesse ou dans le post-partum.
Aucun argument ne plaide non plus pour un dépistage précoce de l’IU chez la femme enceinte, dans une optique de prévention de l'aggravation, car « il n’y a pas de perte de chance pronostique » en cas de prise en charge plus tardive, rassure le Pr Fritel. En revanche, compte tenu du caractère tabou de l’IU, « il semble légitime que ce sujet soit abordé en consultation de soin primaire ». Selon une étude Australienne, la question n’est quasiment jamais posée en post-partum…
*Société interdisciplinaire francophone d'uro-dynamique et pelvi-périnéologie
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