Épidémiologie

Apnées du sommeil : un facteur de risques de cancer

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Publié le 23/09/2016
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Y a-t-il un lien entre cancer et apnée du sommeil ? Si la question taraude depuis un certain temps les spécialistes, difficile de répondre avec certitude comme en témoignent les données présentées à Londres. « Le lien semble exister, explique le Pr Patrick Lévy (Grenoble), avec une relation démontrée sur des cohortes cliniques, mais peu d’éléments en population générale ».

Sur le plan fondamental, la théorie semblait séduisante : le fractionnement du sommeil et l’hypoxie jouent un rôle favorisant sur le développement tumoral et des expérimentations animales l’ont bien démontré. L’hypothèse se base sur une modification des facteurs qui provoque la transformation maligne, le micro-environnement tumoral et la réponse immunologique, l’ensemble concourant à la prolifération cellulaire et l’invasion métastatique locale.

Mais l’épidémiologie n’est pas aussi démonstrative. Une vaste étude rétrospective sur la période 2003-2012 concernant des bénéficiaires d’une assurance santé montre que l’incidence globale de cancer est identique entre les patients apnéiques et la population contrôle mais le risque de cancer du pancréas, du rein et du mélanome est augmenté en cas de SAS alors que celui de cancer de la prostate et du côlon est diminué. La présence d’une apnée du sommeil ne modifie pas le potentiel métastatique ni les décès liés au cancer. « Ces données restent à préciser et ce ne sont que des études rétrospectives », indique le spécialiste.

Côté thérapeutique, l’étude récente SAVE a déçu en concluant sur l’absence de bénéfice de la PPC (pression positive continue) sur le risque cardio-vasculaire. Pourrait-on imaginer qu’il y ait un effet positif sur le risque de cancer ? « Ce n’est pas si évident, mais on peut imaginer un effet adjuvant », poursuit le Pr Lévy. Mais le fait d’une absence d’effet de la PPC sur le sur-risque cardio-vasculaire des patients souffrant de SAS laisse penser qu’il en sera de même sur ce risque plus hypothétique. n


Source : Le Généraliste: 2768