Le rôle du médecin généraliste dans le suivi à domicile des patients atteints d'un cancer s'est renforcé avec le virage ambulatoire. D'après notre enquête en ligne auprès de 167 médecins* effectuée à l'occasion des Rencontres de la cancérologie française (RCFR 2017)**, 72 % estiment que leur implication dans la prise en charge des cancers s'est accrue ces dernières années.
Cette mutation nécessite des ajustements dans la pratique des médecins sur le terrain. Le carnet d'idées citoyennes de CancerAdom, groupe de travail inter-associatif, met notamment l'accent sur l'importance de la communication entre les professionnels de santé mais aussi avec les aidants. « Le médecin généraliste ou le relais de confiance de proximité (infirmiers, kinés, pharmaciens, etc.) doivent avoir un accès direct et sécurisé aux directives quant à la prise en charge du patient. » Ainsi, 92 % des praticiens interrogés réclament une coordination avec d'autres intervenants pour assurer le suivi du patient atteint de cancer lors de son retour à domicile.
L'infirmier, premier interlocuteur
Des progrès restent encore à réaliser dans ce domaine. D'après notre enquête, 80 % des généralistes aimeraient être mieux informés dès la sortie de l'hôpital du patient de son état et du protocole de soins. 66 % des interrogés souhaiteraient avoir un correspondant dédié à l'hôpital et 47 % avoir un accès au dossier du patient en temps réel. L'échange d'informations avec les autres professionnels impliqués dans le parcours de soins en ambulatoire apparaît aussi comme une nécessité pour le médecin traitant. En dehors du cancérologue hospitalier, le généraliste considère l'infirmier comme son interlocuteur principal à 78 %, loin devant les spécialistes (9 %), le pharmacien (4 %) ou encore le kiné (2 %).
Dans le livret CancerAdom, plusieurs pistes sont évoquées pour améliorer le retour du patient. Parmi elles, la mise en place de réunions de concertation pluridisciplinaires comme cela se fait déjà à l'hôpital mais en compagnie des acteurs medico-psycho-sociaux, « afin d'améliorer la coordination de ces acteurs autour des patients les plus fragiles ». 51 % des généralistes sondés sont favorables à cette initiative. Une majorité de généralistes (54 %) sont également favorables à la création d'une unité mobile pour organiser des visites directement au domicile du patient. Une simple visite de pré retour à domicile en présence de la famille serait aussi pour la moitié des médecins un bon moyen d'appréhender le virage ambulatoire.
Rémunération adaptée
Les nouvelles prises en charge pour le médecin généraliste impliquent aussi de nouvelles difficultés. Si en grande partie, les généralistes révèlent qu'ils s'adaptent vite à la prise en charge d'un patient atteint de cancer à sa sortie de l'hôpital – moins de trois mois pour 46 % d'entre eux, certaines questions les préoccupent particulièrement. La fin de vie par exemple. 40 % la considèrent comme le sujet le plus difficile à aborder, devant la gestion des effets indésirables du traitement (27 %), la résolution des problèmes sociaux (24 %) ou la prise en charge de la douleur (10 %).
Pour assurer ces prises en charge spécifiques, les généralistes interrogés plébiscitent une rémunération soit sous la forme d'un forfait supplémentaire en cas de prise en charge à domicile (37 %), soit la création d'un axe complexe mieux rémunéré (27 %) devant le paiement à l'acte et à l'épisode de soins.
* Enquête réalisée du 19 octobre au 10 novembre sur legeneraliste.fr
**Rencontres de la Cancérologie Française 2017 les 21 et 22 novembre 2017 à Paris à l'Eurosites George V.
RCFR 2017, une 10e édition placée sous le signe de l'expertise
Professionnels de santé hospitaliers ou de ville, oncologues mais aussi généralistes, pharmaciens, infirmières, patients, décideurs... Plus de 800 acteurs du monde de la santé sont attendus aux rencontres de la cancérologie française (RCFR) qui se tiennent à Paris jusqu'au 22 novembre. Cette 10e édition met à l'honneur l'expertise, qu'elle soit médico-scientifique, organisationnelle, numérique, en recherche... « Au fil de ces dix années, nous avons mesuré la complexité et la multiplicité des compétences requises au service de la lutte contre le cancer », explique le Pr Véronique Trillet-Lenoir, cancérologue au CHU de Lyon et présidente des RCFR. Plusieurs sessions seront consacrées à l'expertise du patient, à la problématique du retour au travail après un cancer, aux enjeux de la télémédecine ou encore aux bienfaits d'une activité physique adaptée pendant la maladie. Le programme complet sur www.rcfr.eu
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