L’atonie vésicale, encore appelée vessie hypotonique, vessie hypoactive, vessie acontractile, ou même vessie claquée (préjugeant là d’une étiologie…), est un phénomène encore mal étudié, mais qui revient sur le devant de la scène. En effet, cette pathologie est commune : hors cas neurologiques avérés, elle concerne jusqu’à 50 % des sujets âgés atteints de troubles mictionnels d’après les dernières évaluations disponibles. Au cours de l’année écoulée, plusieurs nouveautés sont venues secouer le monde des troubles de la vidange vésicale par hypoactivité détrusorienne.
Diagnostic sur l'urodynamique
Du point de vue de la terminologie tout d’abord : l’hypoactivité vésicale en tant que syndrome clinique est en passe d’être définie. Cependant, contrairement à son « miroir » l’hyperactivité vésicale, elle n’a pas de signe pathognomonique comme l’urgenturie. Le diagnostic clinique reste fondé sur un ensemble de signes cliniques (jet faible et hésitant, miction prolongée, possible sensation de résidu et hyposensibilité) qui permettent difficilement, chez l’homme, de distinguer l’hypoactivité détrusorienne d’un véritable obstacle sous vésical. L’urodynamique reste donc l’outil principal du diagnostic, en étudiant les courbes pression-débit ; le maître symptôme est une pression détrusorienne basse pendant la miction avec un débit diminué, le plus souvent pointé sur un nomogramme.
Du point de vue de la physiopathologie : de nouveaux nomogrammes chez l’homme, permettant d’évaluer plus précisément la fonction détrusorienne tout en tenant compte de l’obstruction sous-jacente ont été proposés. Il existe un regain très important de l’intérêt pour le diagnostic éventuel d’une hypoactivité détrusorienne chez les patients candidats à une chirurgie de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), avec un essai multicentrique de non-infériorité en cours au Royaume-Uni (urodynamique vs. pas d’urodynamique avant chirurgie de l’HBP).
Du point de vue étiologique, les facteurs reconnus sont principalement myogéniques (avec des éléments tangibles de dégénérescence du détrusor avec l’âge) et neurogènes (y compris le diabète, cause très fréquente). L’obstruction sous-vésicale évoluée est souvent classée à part, et génère un intérêt de recherche particulier.
Enfin, du point de vue du traitement, les troubles de la vidange par atonie vésicale sont toujours le plus souvent traités par autosondages. Selon l’étiologie, la surveillance d’une dégradation de la compliance peut être utile. Un nouvel espoir semble cependant poindre à l’horizon, avec la mise en place prochaine d’études cliniques de phase II concernant des médicaments destinés à traiter l’hypoactivité vésicale hors maladies neurologiques.
CHU de Rouen.
Pour en savoir plus :
Osman N et al. F1000Res. 2016 Jan 25;5
Smith PP et al. Neurourol Urodyn 2016;35(2):312-7.
Rademakers KL et al. Curr Opin Urol 2016;26(1):3-10
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